“LLe 13 novembre l’a finalement rattrapé. » C’est par ces mots que l’association des victimes des attentats de Paris, Life for Paris, a annoncé mardi 7 mai le décès de Fred Dewilde, l’un de leurs membres, qui a mis fin à ses jours dimanche.
« Fred Dewilde, pilier de notre association et artiste de talent, a mis fin à ses jours ce dimanche. Le 13 novembre l’a finalement rattrapé. Nous pensons à sa famille, qui nous a envoyé ce texte et ce dessin intitulé Amour, pardon, partage et connaissance » , a informé l’association sur X.
Grand amateur de musique et de concerts, c’est tout naturellement qu’il était présent au Bataclan, cette foutue soirée de novembre 2015, pour encourager les Aigles du Death Metal et boire des bières avec ses amis. Pris dans la fureur de l’attaque, Frédéric n’a pas eu la possibilité de fuir ou de se réfugier dans une des salles de l’auditorium. Allongé sur la fosse, dans le sang des blessés et des morts autour de lui, il a parlé discrètement tout au long de cette épreuve avec une jeune femme, blessée, à ses côtés.
“Fred la victime était devenu Fred l’artiste”
Une discussion, “un moment de vie face à la mort”, comme il l’explique, qui lui a permis de résister à l’horreur, alors que deux des trois terroristes présents ce soir-là avaient pris des gens en otages, tandis que l’autre avait déclenché son explosif. ceinture sur scène, après avoir achevé les spectateurs en leur tirant dessus à bout portant.
Cette terrible histoire, « Fred », graphiste de profession, l’a racontée dans un livre, Mon Bataclan, qu’il a publié en 2016, peu avant le premier anniversaire des attentats. La plus grande épreuve de sa vie va paradoxalement l’amener à réaliser son rêve de toujours, celui de créer une bande dessinée. Il publie donc, deux ans plus tard, La morsurecentré sur son choc post-traumatique et son combat quotidien pour réapprendre à vivre.
D’abord anonyme, de peur de voir les assaillants venir « finir le travail », Frédéric trouvera par la suite le courage de témoigner ouvertement pour raconter sa terrible expérience et évoquer les difficultés de sa reconstruction. Une thématique qui sera au cœur même du spectacle Guéris ma vie, survivant au spectacle, qu’il écrira dans le prolongement de ses précédentes réflexions, et qui sera joué sur scène en 2019, accompagné de la musique de Franck, musicien également rescapé du Bataclan. Son dernier livre, publié en 2021, trouve aujourd’hui un écho glaçant : il l’a intitulé Conversations avec ma mort.
« Fred le survivant, Fred la victime était devenu Fred l’artiste, sublimant la souffrance au niveau humain, porteur de mémoire pour nous tous », expliquent ses proches dans le communiqué qu’ils ont adressé aux associations le 13 novembre 2015. « Nous, sa famille, sommes sous le choc et dévastés par la violence avec laquelle ce poison sournois répandu par les terroristes du 13 novembre 2015 l’a frappé sans relâche après plus de neuf ans de résistance acharnée. Ils l’ont tué une seconde fois, sans aucune seconde chance de « survie ». Fred Dewilde laisse derrière lui trois enfants.