Le plan Ecophyto 2030, destiné à réduire l’usage des pesticides en France, a été présenté lundi par le gouvernement.
Publié
Temps de lecture : 3 minutes
“C’est comme casser le thermomètre pour guérir la fièvre et ça ne marche pas”, estime mardi 7 mai sur franceinfo Pierre Sujobert, professeur d’hématologie à l’université Claude Bernard Lyon 1 et aux Hospices Civils de Lyon. Le médecin est à l’origine, avec le chercheur CNRS Marc Billaud, de la tribune dans le journal Le monde pour alerter sur le nouveau plan Ecophyto annoncé par le gouvernement.
Au total, 400 chercheurs et 200 soignants ont signé ce texte. Lundi, le plan Ecophyto 2030, destiné à réduire l’usage des pesticides en France, a été présenté par le gouvernement, avec pour principale mesure la mise en place d’un nouvel indicateur, réclamé par les agriculteurs mais critiqué par les associations de défense. de l’environnement.
franceinfo : Que reprochez-vous au plan présenté lundi par le gouvernement ?
Pierre Sujobert : Sous couvert d’une volonté de produire un nouveau plan Ecophyto, ce que le gouvernement propose, c’est de changer l’indicateur de mesure des pesticides. C’est comme casser le thermomètre pour guérir la fièvre et ça ne marche pas. Par exemple, si l’on remplace 10 kg de DDT (un insecticide) par 1 kg d’imidaclopride (un autre insecticide), le nouvel indicateur proposé par le gouvernement montrera une réduction de 90 % de la quantité de pesticide. Cependant, l’effet sur les pollinisateurs comme les abeilles sera environ 800 fois aggravé car le nouveau produit – même s’il est moins lourd – est beaucoup plus toxique.
“Les membres du conseil scientifique d’Ecophyto ont réalisé des articles éloquents qui montrent qu’en changeant l’indicateur on croira faussement qu’on a réduit l’imprégnation par les pesticides alors que cette imprégnation restera majeure.”
Pierre Sujobert, professeur d’hématologie à l’université Claude Bernard Lyon 1sur franceinfo
Que pensez-vous de l’indemnisation des victimes contenue dans le plan ?
Nous sommes bien sûr les premiers à encourager l’indemnisation des victimes des pesticides mais c’est aussi un aveu de l’insuffisance du plan Ecophyto. Ce que nous voulons, c’est qu’il n’y ait plus de victimes et pas seulement réparer les dégâts. Il existe une association, un lien épidémiologique, tout à fait démontré, entre l’usage de pesticides et certains cancers, notamment pédiatriques mais aussi adultes.
Il y a des pesticides dangereux qui ont été retirés du marché grâce à ces études scientifiques et nous nous en réjouissons mais il faut absolument continuer dans cette direction car sinon, nous, les hôpitaux, continuerons à voir arriver des patients atteints de cancers qui auraient pu être évités.
Ce que vous dites, c’est que nous avons les connaissances mais que les dirigeants n’écoutent pas assez ?
On a du mal à comprendre l’engagement fort d’Emmanuel Macron au début de son quinquennat et les décisions prises sur le plan Ecophyto. La question des pesticides dépasse le cadre de l’agriculture. Elle doit impliquer les scientifiques et les épidémiologistes. Il faut aussi écouter la voix des agriculteurs qui développent une agriculture sans pesticides, écouter la voix des projets collaboratifs comme celui que vient de lancer le CNRS pour une agriculture sans pesticides.
Il en va de notre santé, de celle de nos enfants et de l’habitabilité de notre planète. Les effets toxiques des pesticides ne se limitent pas à l’apparition de cancers chez l’homme, il existe également une menace pour la biodiversité. Nous ne pouvons que regretter que des décisions politiques aussi graves aient pu être prises sans une large consultation de toutes les parties prenantes.
Le plan Ecophyto 2030, destiné à réduire l’usage des pesticides en France, a été présenté lundi par le gouvernement.
Publié
Temps de lecture : 3 minutes
“C’est comme casser le thermomètre pour guérir la fièvre et ça ne marche pas”, estime mardi 7 mai sur franceinfo Pierre Sujobert, professeur d’hématologie à l’université Claude Bernard Lyon 1 et aux Hospices Civils de Lyon. Le médecin est à l’origine, avec le chercheur CNRS Marc Billaud, de la tribune dans le journal Le monde pour alerter sur le nouveau plan Ecophyto annoncé par le gouvernement.
Au total, 400 chercheurs et 200 soignants ont signé ce texte. Lundi, le plan Ecophyto 2030, destiné à réduire l’usage des pesticides en France, a été présenté par le gouvernement, avec pour principale mesure la mise en place d’un nouvel indicateur, réclamé par les agriculteurs mais critiqué par les associations de défense. de l’environnement.
franceinfo : Que reprochez-vous au plan présenté lundi par le gouvernement ?
Pierre Sujobert : Sous couvert d’une volonté de produire un nouveau plan Ecophyto, ce que le gouvernement propose, c’est de changer l’indicateur de mesure des pesticides. C’est comme casser le thermomètre pour guérir la fièvre et ça ne marche pas. Par exemple, si l’on remplace 10 kg de DDT (un insecticide) par 1 kg d’imidaclopride (un autre insecticide), le nouvel indicateur proposé par le gouvernement montrera une réduction de 90 % de la quantité de pesticide. Cependant, l’effet sur les pollinisateurs comme les abeilles sera environ 800 fois aggravé car le nouveau produit – même s’il est moins lourd – est beaucoup plus toxique.
“Les membres du conseil scientifique d’Ecophyto ont réalisé des articles éloquents qui montrent qu’en changeant l’indicateur on croira faussement qu’on a réduit l’imprégnation par les pesticides alors que cette imprégnation restera majeure.”
Pierre Sujobert, professeur d’hématologie à l’université Claude Bernard Lyon 1sur franceinfo
Que pensez-vous de l’indemnisation des victimes contenue dans le plan ?
Nous sommes bien sûr les premiers à encourager l’indemnisation des victimes des pesticides mais c’est aussi un aveu de l’insuffisance du plan Ecophyto. Ce que nous voulons, c’est qu’il n’y ait plus de victimes et pas seulement réparer les dégâts. Il existe une association, un lien épidémiologique, tout à fait démontré, entre l’usage de pesticides et certains cancers, notamment pédiatriques mais aussi adultes.
Il y a des pesticides dangereux qui ont été retirés du marché grâce à ces études scientifiques et nous nous en réjouissons mais il faut absolument continuer dans cette direction car sinon, nous, les hôpitaux, continuerons à voir arriver des patients atteints de cancers qui auraient pu être évités.
Ce que vous dites, c’est que nous avons les connaissances mais que les dirigeants n’écoutent pas assez ?
On a du mal à comprendre l’engagement fort d’Emmanuel Macron au début de son quinquennat et les décisions prises sur le plan Ecophyto. La question des pesticides dépasse le cadre de l’agriculture. Elle doit impliquer les scientifiques et les épidémiologistes. Il faut aussi écouter la voix des agriculteurs qui développent une agriculture sans pesticides, écouter la voix des projets collaboratifs comme celui que vient de lancer le CNRS pour une agriculture sans pesticides.
Il en va de notre santé, de celle de nos enfants et de l’habitabilité de notre planète. Les effets toxiques des pesticides ne se limitent pas à l’apparition de cancers chez l’homme, il existe également une menace pour la biodiversité. Nous ne pouvons que regretter que des décisions politiques aussi graves aient pu être prises sans une large consultation de toutes les parties prenantes.