Une silhouette longue et élancée, des cheveux mi-longs tombant jusqu’à la nuque et, longtemps, jusqu’à une délicate opération des poumons en 2011, une cigarette à la main. C’est aussi grâce à ce look, tendance bohème chic, que César Luis Menotti, décédé dimanche 5 mai, à l’âge de 85 ans, est entré dans la légende du football mondial.
Mais pour l’Argentine, pays où l’on ne plaisante pas avec le sport le plus populaire de la planète, El Flaco (le maigre) restera avant tout, et pour toujours, le premier. Autrement dit, le premier sélectionneur à se voir offrir le titre mondial à l’Argentine. C’était en 1978, lors de la Monde organisé par son pays, alors dirigé par la junte militaire, au pouvoir depuis deux ans.
Comment Menotti, revendiquant clairement ses orientations politiques de gauche, fils d’un membre important du parti péroniste décédé alors qu’il n’avait que 16 ans, a-t-il pu diriger la sélection d’un pays sous le joug d’une dictature militaire en contradiction avec ses convictions ?
Dans une interview accordée en 2014 au magazine El Grafico, Menotti a admis avoir connaissance de certains crimes, mais pas de tous les abus commis : « Je connaissais les dirigeants péronistes qui avaient été torturés, je connaissais les prisons, la torture à l’électricité, je ne peux pas faire complètement l’idiot. Ce que je ne pouvais pas imaginer, c’est qu’ils larguaient des hommes depuis des avions, les 30 000 disparus…”
Captivé par le jeu des Brésiliens de Pelé
Le football avant la politique ? Ancien milieu de terrain talentueux ayant joué dans de nombreux clubs argentins (dont le Racing et Boca), Menotti aurait débuté sa longue carrière d’entraîneur après avoir été captivé par le jeu des Brésiliens de Pelé lors de la Coupe du monde 1970 au Mexique. Son idée du jeu ? Une approche offensive, avec un 4-3-3 dynamique. Le beau jeu avant l’efficacité ? « Cette chose du résultat qui prime, c’est une lâche infamie ! “, il a dit lors d’une interview avec le magazine Alors pied en 2018.
Après une première expérience d’entraîneur à la tête des Newell’s Old Boys, un des clubs de Rosario, sa ville natale, c’est au sein d’un club relativement modeste basé à Buenos Aires qu’El Flaco a été adoubé. A la tête d’Huracan entre 1971 et 1974, il remporte étonnamment le championnat en 1973 en développant un jeu attractif. Une révolution « menottes » qui ne passe pas inaperçue : un an plus tard, il est nommé sélectionneur de l’équipe nationale.
Lorsque les militaires prirent le pouvoir en 1976, Menotti démissionna. Mais le président de la fédération de l’époque, Alfredo Francisco Cantilo (1924-2013), fervent adepte du jeu recommandé par El Flaco, parvient à le convaincre de rester à son poste. Jusqu’à la fin de son mandat en avril 1979, Cantilo soutient Menotti face à une junte dont certains membres ne cachent pas leur incompréhension : comment donner les clés de l’équipe nationale à un « communiste » comme Menotti ?
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Une silhouette longue et élancée, des cheveux mi-longs tombant jusqu’à la nuque et, longtemps, jusqu’à une délicate opération des poumons en 2011, une cigarette à la main. C’est aussi grâce à ce look, tendance bohème chic, que César Luis Menotti, décédé dimanche 5 mai, à l’âge de 85 ans, est entré dans la légende du football mondial.
Mais pour l’Argentine, pays où l’on ne plaisante pas avec le sport le plus populaire de la planète, El Flaco (le maigre) restera avant tout, et pour toujours, le premier. Autrement dit, le premier sélectionneur à se voir offrir le titre mondial à l’Argentine. C’était en 1978, lors de la Monde organisé par son pays, alors dirigé par la junte militaire, au pouvoir depuis deux ans.
Comment Menotti, revendiquant clairement ses orientations politiques de gauche, fils d’un membre important du parti péroniste décédé alors qu’il n’avait que 16 ans, a-t-il pu diriger la sélection d’un pays sous le joug d’une dictature militaire en contradiction avec ses convictions ?
Dans une interview accordée en 2014 au magazine El Grafico, Menotti a admis avoir connaissance de certains crimes, mais pas de tous les abus commis : « Je connaissais les dirigeants péronistes qui avaient été torturés, je connaissais les prisons, la torture à l’électricité, je ne peux pas faire complètement l’idiot. Ce que je ne pouvais pas imaginer, c’est qu’ils larguaient des hommes depuis des avions, les 30 000 disparus…”
Captivé par le jeu des Brésiliens de Pelé
Le football avant la politique ? Ancien milieu de terrain talentueux ayant joué dans de nombreux clubs argentins (dont le Racing et Boca), Menotti aurait débuté sa longue carrière d’entraîneur après avoir été captivé par le jeu des Brésiliens de Pelé lors de la Coupe du monde 1970 au Mexique. Son idée du jeu ? Une approche offensive, avec un 4-3-3 dynamique. Le beau jeu avant l’efficacité ? « Cette chose du résultat qui prime, c’est une lâche infamie ! “, il a dit lors d’une interview avec le magazine Alors pied en 2018.
Après une première expérience d’entraîneur à la tête des Newell’s Old Boys, un des clubs de Rosario, sa ville natale, c’est au sein d’un club relativement modeste basé à Buenos Aires qu’El Flaco a été adoubé. A la tête d’Huracan entre 1971 et 1974, il remporte étonnamment le championnat en 1973 en développant un jeu attractif. Une révolution « menottes » qui ne passe pas inaperçue : un an plus tard, il est nommé sélectionneur de l’équipe nationale.
Lorsque les militaires prirent le pouvoir en 1976, Menotti démissionna. Mais le président de la fédération de l’époque, Alfredo Francisco Cantilo (1924-2013), fervent adepte du jeu recommandé par El Flaco, parvient à le convaincre de rester à son poste. Jusqu’à la fin de son mandat en avril 1979, Cantilo soutient Menotti face à une junte dont certains membres ne cachent pas leur incompréhension : comment donner les clés de l’équipe nationale à un « communiste » comme Menotti ?
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