Six ans sans parler puis, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, un flot de paroles et même de larmes… Depuis leur arrestation en décembre 2017, les frères Richard et Christophe Guazzelli avaient ont toujours affirmé leur droit au silence. Interrogés par les enquêteurs, interrogés par les juges d’instruction, ils n’ont jamais fourni d’explications sur le double assassinat pour lequel ils sont jugés depuis lundi 6 mai.
Le 5 décembre 2017, devant le terminal de Bastia-Poretta, Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini, membres d’un clan criminel corse, ont été exécutés par un homme masqué. Les victimes, deux associés de Jean-Luc Germani, ont été tuées par vengeance, selon le parquet, les frères Guazzelli leur reprochant la mort de leur père, Francis Guazzelli, le 15 novembre 2009, abattu alors qu’il se rendait chasse. .
Au deuxième jour d’un procès – le verdict est attendu le 3 juillet -, lors de l’examen de la personnalité de l’accusé, les deux frères inséparables ont longuement parlé de leur père, Francis Guazzelli. Non pas celui que les enquêteurs décrivent comme l’un des fondateurs historiques du Brise de mer, une bande criminelle corse qui a rendu ses membres immensément riches, mais plutôt “le pilier de notre maison, pas le pilier d’un gang”a déclaré Richard, 34 ans, l’aîné.
Il appelait les fêtes sur la place de leur village de La Porta, en Haute-Corse, la « des odeurs de chasse au sanglier et de jeans boueux »LE « souvenirs du maquis » ; il a représenté celui qui passait pour un parrain corse comme « un chasseur, un villageois, pour moi, un père, un père poule ». Un ancien ami de la famille, entendu par visioconférence depuis la cour d’appel de Bastia, a raconté aux jurés qu’à la maison Guazzelli, « Nous n’en avons jamais parlé. Le mot voyou était tabou”.
« Une fraternité forte, une solidarité sans faille »
Dans un box parfois transformé en divan de psychanalyste – « Ce que je vous dis ici, je ne l’ai jamais dit à personne, pas même à ma famille »Christophe Guazzelli raconte aux jurés -, les frères revivent les matchs de football de deux bambins contre leur père, s’amusent avec des anecdotes d’adolescents – ” Vous souvenez-vous ? “ – vouloir illustrer ainsi « une fraternité forte, une solidarité sans faille au sein de cette maison ».
Dans ce trio père-fils que, à la tête du tribunal correctionnel, leur mère Sylvie Cappuri dit avoir eu du mal à pénétrer, le football est omniprésent. Il est à l’origine de l’admiration sans borne que l’aîné porte à son cadet. A 13 ans, Christophe Guazzelli quitte l’île pour le centre national de football de Clairefontaine, dans les Yvelines. Devenu professionnel, il joue à Châteauroux et à Nantes en Ligue 1, destiné à une belle carrière.
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