UUne comparaison historique et géographique du mouvement de solidarité avec les Palestiniens relativise l’ampleur de la mobilisation actuelle. Le mouvement pro-palestinien s’est structuré en France depuis la guerre des Six Jours autour de quatre sphères. Le premier était composé de travailleurs immigrés et d’étudiants du monde arabe. Il y avait parmi eux des Palestiniens, mais ils étaient minoritaires : à l’époque, le panarabisme était à la mode, et on parlait plus du conflit israélo-arabe que du conflit israélo-palestinien.
La deuxième mouvance est composée des gaullistes qui, inspirés par la « politique arabe » du général de Gaulle, créent l’Association de solidarité franco-arabe. La troisième a réuni des « catholiques de gauche » : l’hebdomadaire témoignage chrétien contribué à sensibiliser à la cause palestinienne et organisé des voyages de solidarité en « Terre Sainte ». La quatrième mouvance est encore très présente aujourd’hui : c’est l’extrême gauche, qui a appliqué une grille de lecture anti-impérialiste à la situation au Moyen-Orient.
Au fil des décennies, d’autres militants se sont ajoutés. Un élément remarquable a été la montée de la solidarité panislamique, la cause palestinienne étant élevée au rang de symbole de l’oppression des musulmans. Dans les années 2000, on pouvait voir des prières de rue lors de manifestations pro-palestiniennes, à la surprise des militants historiques qui prônaient une « Palestine laïque et démocratique ».
Popularité limitée du Hamas
La victoire du Hamas aux élections législatives de 2006 a fait l’effet d’un séisme. “C’est comme si Arafat était mort une seconde fois (…). Le réveil est dur », s’est exclamé le président de l’Association France Palestine Solidarité, Bernard Ravenel. Certains militants ont répondu que les militants étrangers n’avaient pas à remettre en question les choix démocratiques du peuple palestinien. Dans les années qui suivirent, les cortèges organisés à Paris à l’occasion des flambées de violences au Moyen-Orient permirent d’évaluer la popularité limitée du Hamas : ses emblèmes étaient une infime minorité par rapport aux drapeaux palestiniens ou aux symboles d’extrême gauche. .
Notre pays a eu tendance, dans le passé, à attirer l’attention des observateurs étrangers : pourquoi le conflit israélo-palestinien a-t-il suscité une telle passion ? Est-ce lié à l’importance des communautés juive et musulmane ? Aujourd’hui, l’attention se tourne plutôt vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni, où les mobilisations ont pris plus d’ampleur : la plus grande manifestation pro-palestinienne de Londres a rassemblé environ trois cent mille personnes selon la police, soit environ dix fois plus qu’en Paris.
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UUne comparaison historique et géographique du mouvement de solidarité avec les Palestiniens relativise l’ampleur de la mobilisation actuelle. Le mouvement pro-palestinien s’est structuré en France depuis la guerre des Six Jours autour de quatre sphères. Le premier était composé de travailleurs immigrés et d’étudiants du monde arabe. Il y avait parmi eux des Palestiniens, mais ils étaient minoritaires : à l’époque, le panarabisme était à la mode, et on parlait plus du conflit israélo-arabe que du conflit israélo-palestinien.
La deuxième mouvance est composée des gaullistes qui, inspirés par la « politique arabe » du général de Gaulle, créent l’Association de solidarité franco-arabe. La troisième a réuni des « catholiques de gauche » : l’hebdomadaire témoignage chrétien contribué à sensibiliser à la cause palestinienne et organisé des voyages de solidarité en « Terre Sainte ». La quatrième mouvance est encore très présente aujourd’hui : c’est l’extrême gauche, qui a appliqué une grille de lecture anti-impérialiste à la situation au Moyen-Orient.
Au fil des décennies, d’autres militants se sont ajoutés. Un élément remarquable a été la montée de la solidarité panislamique, la cause palestinienne étant élevée au rang de symbole de l’oppression des musulmans. Dans les années 2000, on pouvait voir des prières de rue lors de manifestations pro-palestiniennes, à la surprise des militants historiques qui prônaient une « Palestine laïque et démocratique ».
Popularité limitée du Hamas
La victoire du Hamas aux élections législatives de 2006 a fait l’effet d’un séisme. “C’est comme si Arafat était mort une seconde fois (…). Le réveil est dur », s’est exclamé le président de l’Association France Palestine Solidarité, Bernard Ravenel. Certains militants ont répondu que les militants étrangers n’avaient pas à remettre en question les choix démocratiques du peuple palestinien. Dans les années qui suivirent, les cortèges organisés à Paris à l’occasion des flambées de violences au Moyen-Orient permirent d’évaluer la popularité limitée du Hamas : ses emblèmes étaient une infime minorité par rapport aux drapeaux palestiniens ou aux symboles d’extrême gauche. .
Notre pays a eu tendance, dans le passé, à attirer l’attention des observateurs étrangers : pourquoi le conflit israélo-palestinien a-t-il suscité une telle passion ? Est-ce lié à l’importance des communautés juive et musulmane ? Aujourd’hui, l’attention se tourne plutôt vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni, où les mobilisations ont pris plus d’ampleur : la plus grande manifestation pro-palestinienne de Londres a rassemblé environ trois cent mille personnes selon la police, soit environ dix fois plus qu’en Paris.
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