Près de Chicago aux Etats-Unis, l’entreprise Mycocycle utilise des champignons pour recycler des matériaux de construction. Une activité industrielle bénéfique dans un pays où la construction ne cesse de croître et où les déchets s’accumulent.
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Le champignon est un recycleur naturel. Il s’attaque aux feuilles mortes et au bois. Une entreprise américaine, Mycocyle, a développé un procédé par lequel le champignon « mange » les déchets de construction, qui contiennent souvent du plastique et d’autres produits dérivés du pétrole. Et cela les transformera en matière organique.
Le processus de décomposition dure environ deux semaines pendant lesquelles le mycélium, l’appareil végétatif du champignon, « consomme » les molécules de carbone. Le mycélium, explique le site Mycocycle, est très efficace. Le procédé développé permettra de réduire la toxicité d’un matériau de 98 % en moyenne tout en le transformant, via des phénomènes appelés biosorption, bioconversion et biodégradation. Le résultat est un nouveau matériau, résistant au feu, à l’eau, durable, léger, qui peut être utilisé pour isoler un bâtiment ou fabriquer des panneaux acoustiques, selon la start-up.
Des décharges déjà à 85% de leur capacité
A l’origine de l’aventure, Joanne Rodriguez, une femme qui a travaillé pendant 30 ans dans le secteur de la construction, possède une expérience et une connaissance du secteur. Elle a lancé Mycocycle en 2018, à Bolingbrook dans la grande banlieue de Chicago. Et le site de sa start-up reprend la fameuse formule de Lavoisier, « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »en disant « La réponse est là, juste sous nos pieds. Dans la nature, rien ne se perd”. C’est une excellente réponse aux problèmes de déchets produits par le bâtiment. Celles-ci atteignent 660 millions de tonnes rien qu’aux Etats-Unis, sachant que le secteur de la construction va continuer à croître et que les décharges sont déjà à 85% de leur capacité.
Joanne Rodriguez sait bien que d’autres entreprises fabriquent des produits à partir du mycélium mais, insiste-t-elle, elles ne les fabriquent pas à partir de produits que le mycélium lui-même a recyclés. Elle ne veut pas non plus utiliser de champignons génétiquement modifiés.
Autre cible en vue : le recyclage des pneus
L’entrepreneur ne compte pas s’arrêter dans le secteur de la construction. Elle a expliqué au site Techcrunch qu’elle vise un marché prometteur : celui du pneumatique. Le champignon peut également s’attaquer au papier, au nylon et donc au caoutchouc. Aux États-Unis, 280 millions de pneus sont jetés chaque année et seulement 30 millions sont réutilisés. Pourtant, les techniques de recyclage sont les mêmes depuis 40 ans, constate Joanne Rodriguez.
Mycocycle travaille toujours sur la manière optimale de travailler le caoutchouc et les investisseurs sentent le potentiel du projet. Le marché du mycélium pourrait flirter avec les 4 milliards de dollars d’ici deux ans. L’entreprise vient en tout cas de lever 3,5 millions de dollars pour financer ses tests et ses recherches.