Le Parlement fédéral belge a voté, début mai, une loi qui permettra aux prostituées qui le souhaitent de bénéficier d’un contrat de travail et donc d’un véritable statut, une première mondiale.
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La Belgique s’était déjà illustrée en 2022 en étant le premier pays en Europe à dépénaliser la prostitution, et le deuxième au monde après la Nouvelle-Zélande. LLe Parlement fédéral a adopté, dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 mai 2024, une loi qui permettra aux prostituées qui le souhaitent de bénéficier d’un contrat de travail et donc d’un véritable statut. La Belgique est la première nation à avoir voté pour un tel texte. Bruxelles va encore plus loin que des pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas qui autorisent des formes d’emploi. Dans ces pays, les travailleuses du sexe doivent soit s’inscrire auprès de l’administration, soit obtenir un permis spécial pour exercer leur activité. En Belgique, les prostituées seront des salariées à part entière. L’objectif est de lutter encore plus durement contre l’exploitation abusive et la criminalité qui en découle.
Ce qui change en Belgique avec cette loi votée par le Parlement fédéral, c’est que les prostituées seront bien mieux protégées. Autrefois, il leur était possible d’exercer cette activité sous un statut indépendant, qui leur accordait des droits sociaux. Cette loi leur donnera désormais la possibilité de signer un contrat de travail qui garantira une couverture sociale et le respect des règles qui y sont liées, comme la durée du travail, les salaires et les règles de sécurité. Un statut qui donnera en fait aux travailleuses du sexe les mêmes droits et protections que les autres salariés, comme percevoir des allocations de chômage, prendre un congé de maternité ou de paternité, contribuer à la retraite ou être couvertes par l’Assurance Maladie. C’est complètement nouveau.
La loi reconnaît également les employeurs
Pour passer du statut de proxénète à celui d’employeur, ce dernier devra demander un agrément sous peine d’être poursuivi pour proxénétisme. L’employeur doit présenter un casier judiciaire exempt de toute infraction grave et garantir un environnement de travail sécurisé dans des locaux équipés d’un bouton d’appel d’urgence, que les prostituées peuvent activer en cas de problème avec un client. De plus, refuser un partenaire ou des actes sexuels spécifique ne constituera pas un motif de licenciement.
Mais cette loi ne fait pas l’unanimité, notamment au sein des associations féministes. Même s’il a été adopté à une très large majorité, il divise les associations ; le Syndicat belge des travailleuses du sexe s’est par exemple réjoui et considère que cette loi vise à améliorer la capacité d’action des travailleuses du sexe en leur donnant les mêmes droits qu’aux autres salariés. D’autres, comme un collectif composé d’associations féministes, dénoncent une loi qui n’aiderait pas les personnes à sortir de la prostitution et qui ne lutte pas suffisamment contre l’exploitation du corps des femmes.