DDans un livre brillant, Paul Veyne (1930-2022) se demandait : Les Grecs croyaient-ils à leurs mythes ? (1983) Il ne s’était pas demandé si les Modernes y croyaient encore, peut-être parce qu’il avait déjà la réponse, lui qui nous parlait avec tant d’émotion de sa déesse préférée, Artémis, « parce qu’elle est chasseresse et qu’elle court habillée, et qu’on ne sait jamais ce qu’elle fait la nuit ». ” Elle me rappelle les filles de ma jeunesse », a-t-il ajouté avec un sourire plein de gratitude pour la vie. Aussi la passion que met Benjamin Carteret à donner vie à une autre déesse dans son premier roman, Perséphone (Charleston, 600 p., 21 €), et avec tout autant d’émotion, ne l’aurait pas surpris. Dans cet ouvrage, l’auteur s’empare de la figure de cette jeune déesse kidnappée par son oncle, le dieu des Enfers, Hadès, pour nous proposer une nouvelle lecture, féministe et écologique, où l’on peut tisser à loisir des correspondances avec notre époque, comme le Les mythes grecs savent jouer avec le temps. Surtout quand on y croit un peu… §