Jordan Bardella aime décrire le Parlement européen comme un simple « salle d’enregistrement ». Une assemblée dont le seul rôle serait de ratifier les décisions prises par le « Technocrates bruxellois ». Pourtant, au sein de l’Hémicycle communautaire, les députés européens du Rassemblement national (RN) façonnent leur vision du monde à travers les votes en séance.
Soutien aux régimes autoritaires, refus de dénoncer l’application de la peine de mort ou d’autres abus contre des opposants politiques, méconnaissance des cas de violations des libertés fondamentales : les centaines de décisions prises par les députés RN à Bruxelles et à Strasbourg, analysées par Le monde, proposent un aperçu des relations internationales telles que les envisage le mouvement d’extrême droite. Leur positionnement est d’autant plus libre que le lieu ne bénéficie pas de la médiatisation – et éventuellement des polémiques – de l’Assemblée nationale.
Lors du dernier mandat (2019-2024), les élus RN n’ont eu qu’à se justifier sur leur défense sans faille du régime russe. L’invasion de l’Ukraine décidée par le président russe Vladimir Poutine a en effet mis en évidence un soutien constant au Kremlin. Jusqu’au déclenchement de la guerre en février 2022, Jordan Bardella et les siens ont systématiquement voté contre, qu’il s’agisse de la dénonciation de la loi russe sur les « agents étrangers » (19 décembre 2019), la résolution suite à l’empoisonnement du principal opposant Alexeï Navalny (17 septembre 2020) ou encore le soutien apporté à la société civile réprimée et particulièrement à l’organisation de défense des droits de l’homme Memorial – Prix Nobel 2022 – (16 décembre 2021). ).
Principe de non-ingérence
Mais l’attention portée au conflit en Ukraine depuis son déclenchement n’a pas convaincu les troupes du RN de rejoindre les rangs de la contestation contre Vladimir Poutine. Contrairement à une large majorité de l’assemblée communautaire, la délégation française du groupe Identité et Démocratie (ID) préfère désormais s’abstenir sur la plupart des textes pris en soutien à Kiev, que ce soit par crainte de« escalade de la guerre » (6 octobre 2022), pour exiger la création d’un « tribunal pour le crime d’agression contre l’Ukraine » (19 janvier 2023) ou d’apporter un « le soutien sans faille de l’UE (Union européenne) en Ukraine » (29 février).
Le régime russe ne subit pas plus qu’avant l’opprobre du RN, même lorsqu’il s’agissait de promulguer les « Conditions de détention inhumaines » enduré par Alexeï Navalny (dix abstentions et une opposition le 16 février 2023). «Il n’appartient pas à l’UE de décider si tel ou tel État a bien fait les choses. La diplomatie, comme l’armée et la défense, relève de la juridiction des États. (…) Nous avons essayé de respecter ce principe tout au long du mandat », Jordan Bardella s’est défendu après la mort en garde à vue de l’opposant russe, annoncée le 16 février.
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