Après l’annulation par l’Université de Lille, le 17 avril, d’une conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan justifiée par les risques importants de troubles à l’ordre public que suscitait l’événement, a rassemblé le fondateur de La France insoumise (LFI), le le lendemain, quelques dizaines de militants sur une place de Lille pour tenir des propos d’une rare intempérance.
Loin d’œuvrer à rétablir un climat propice aux échanges apaisés, il a cru bon d’établir un parallèle des plus nauséabonds entre cette annulation et la « bassesse qui a conduit la police française à faire une descente au Vél’d’Hiv sur ordre des capitulateurs ».
A cette occasion, le président de l’université, Régis Bordet, a été comparé au criminel nazi Adolf Eichmann. (1906-1962), pour s’être défendu en prétendant avoir obéi à la loi. Poursuivant dans les excès, Jean-Luc Mélenchon s’en est ensuite pris plus largement à l’ensemble de la communauté universitaire, en vilipendant les imaginaires « un mélange d’histoires entre chers professeurs qui se détestent et se font concurrence et qui finissent par sacrifier la liberté sur l’autel de leurs pauvres et misérables ambitions ».
L’un des affronts les plus laids
Même s’il s’agit probablement de l’un des affronts les plus ignobles que les universités françaises aient connu ces dernières années, nous regrettons qu’il ne s’agisse pas d’un incident isolé. Une rapide rétrospective permet, en effet, de se convaincre des trop nombreuses attaques qu’elle a subies, de tous bords politiques confondus. C’est ainsi qu’au terme d’une alliance politique contre nature, les universitaires ont fait l’objet d’un procès déchirant pour « islamo-gauchisme ».
En 2020, deux députés Les Républicains, Julien Aubert et Damien Abad, avaient recommandé la création d’une mission d’information sur les dérives présumées de l’université, estimant qu’il était nécessaire d’informer le Parlement sur « le niveau de pénétration de cette culture de l’annulation et de cet islamo-gauchisme dans le monde universitaire » et de « rechercher des solutions qui pourraient (…) y mettre un terme ».
Quelques mois plus tard, le coup était porté par la ministre chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche elle-même, Frédérique Vidal, qui annonçait, le 14 février 2021, sur CNews, qu’elle allait demander, “notamment au CNRS”, de mener une enquête sur« tous les volets de recherche » en connexion avec L’« Islamo-gauchisme » à l’Université. Deux jours plus tard, à l’Assemblée nationale, elle confirmait la création du« un aperçu de toutes les recherches » en vue de « faire la distinction entre ce qui relève de la recherche universitaire et ce qui relève de l’activisme et de l’opinion ».
Il vous reste 53,43% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.