SSamedi 11 mai au soir, l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e par les forces de sĂ©curitĂ© Ă la Maison des Avocats de Tunis. En cause, des propos sarcastiques sur la situation du pays. La scĂšne a Ă©tĂ© filmĂ©e par la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision France 24, qui a Ă©tĂ© contrainte d’arrĂȘter sa diffusion en direct. “Attaque de la police contre la Maison de l’Avocat”, situĂ©e en face du palais de justice de Tunis, “avocats attaquĂ©s et enlĂšvement de la collĂšgue Sonia Dahmani (conduite) vers un lieu inconnu”, a indiquĂ© Dalila Msaddek, membre de son Ă©quipe de dĂ©fense sur Facebook.
Islam Hamza, un autre dĂ©fenseur de l’avocat, a confirmĂ© Ă l’Agence France-Presse “l’arrestation de Mme Dahmani par des policiers”. La chaĂźne d’information continue France 24, dont les journalistes Ă©taient sur place pour couvrir le mouvement de soutien Ă l’avocat, Ă©tait en direct au moment de l’interpellation. La chaĂźne a vivement protestĂ© dans un communiquĂ© contre l’attitude des policiers cagoulĂ©s qui, selon elle, “se sont alors dirigĂ©s vers l’Ă©quipe de la chaĂźne en leur disant de couper la camĂ©ra sous les vives protestations de Maryline Dumas”, la journaliste. sur place.
1/2 Incroyable sĂ©quence live sur @France24_fr. Tandis que notre correspondant Ă #Tunisie Me Dumas me parle du sort de l’avocat S. Dahmani – le viseur de la justice tunisienne et rĂ©fugiĂ© au sein de la Chambre des Avocats – l’avocat est arrĂȘtĂ© par des policiers masquĂ©s pic.twitter.com/3uk9tFfrDo
â Achren Verdien (@AchrenVerdian) 11 mai 2024
« La police a fini par arracher violemment la camĂ©ra de son trĂ©pied, stoppant la retransmission en direct de la scĂšne, et a interpellĂ© Hamdi Tlili. Le camĂ©raman a Ă©tĂ© relĂąchĂ© au bout d’une dizaine de minutes et le correspondant de France 24 va bien”, a ajoutĂ© la chaĂźne qui a diffusĂ© les images de la scĂšne sur X. France 24 “condamne fermement cette entrave Ă la libertĂ© de la presse et cette intervention brutale et intimidante de la police. empĂȘchant ses journalistes d’exercer leur mĂ©tier, alors qu’ils couvraient une manifestation d’avocats pour le respect de la justice et en faveur de la libertĂ© d’expression”, a ajoutĂ© la chaĂźne.
Des propos jugés « dégradants »
Selon plusieurs mĂ©dias, Sonia Dahmani fait l’objet d’une enquĂȘte notamment pour diffusion de « fausses informations ayant pour but de mettre en danger la sĂ©curitĂ© publique » et « incitation aux discours de haine », en vertu du dĂ©cret-loi 54. Ce dĂ©cret, promulguĂ© en septembre 2022 par le prĂ©sident KaĂŻs. SaĂŻed, punit d’une peine pouvant aller jusqu’Ă cinq ans de prison quiconque utilise les rĂ©seaux d’information et de communication pour « Ă©crire, produire, diffuser (ou) diffuser de fausses nouvelles (âŠ) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter atteinte Ă la sĂ©curitĂ© publique ».
Mardi, lors d’une Ă©mission tĂ©lĂ©visĂ©e, Sonia Dahmani a ironisĂ© sur “de quel pays extraordinaire parle-t-on ?” », en rĂ©ponse Ă un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que des migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient Ă s’installer en Tunisie. Cette dĂ©claration a Ă©tĂ© jugĂ©e par certains utilisateurs des rĂ©seaux sociaux comme « dĂ©gradante » pour lâimage de la Tunisie.
LIRE AUSSI MĂ©lodie illibĂ©rale en TunisieJeudi, Sonia Dahmani a reçu une convocation, Ă laquelle elle n’a pas rĂ©pondu, pour comparaĂźtre vendredi devant un juge d’instruction sans que les motifs soient prĂ©cisĂ©s, selon Mme.e Msaddek. Sonia Dahmani a expliquĂ© Ă la presse avoir refusĂ© de comparaĂźtre devant le tribunal « sans connaĂźtre les raisons de cette convocation ». En raison de son absence, le juge d’instruction chargĂ© de ce dossier a Ă©mis un mandat d’arrĂȘt contre lui.
Soixante arrestations en un an et demi
En un an et demi, plus de 60 personnes, parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à Kaïs Saïed, ont été poursuivies sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes.