ENTRETIEN – L’ancien Premier ministre italien présente aux Vingt-Sept son rapport sur la modernisation du marché unique. Il plaide pour l’accélération de l’intégration dans les domaines de la finance, des télécommunications, de l’énergie et de la défense.
A la demande du Conseil européen, l’ancien président du Conseil italien Enrico Letta (2013-2014) doit remettre jeudi aux Vingt-Sept un rapport sur la modernisation du marché unique, dont le 30e anniversaire a été célébré l’année dernière. .
LE FIGARO.- Quelle est la principale conclusion de votre rapport sur l’état du marché unique ? ?
Enrico LETTA.- L’enjeu majeur est de prendre en compte la dimension géopolitique dans laquelle l’Europe est entrée, qui a complètement changé la donne. Le marché unique, inventé avec beaucoup de succès par Jacques Delors, a besoin d’une nouvelle boussole. C’est d’ailleurs ce que m’a dit Jacques Delors lui-même la dernière fois que je l’ai vu. Au moment de la création du marché unique, l’Europe ne s’appelait pas encore l’Union européenne mais la Communauté européenne, l’Union soviétique existait toujours, l’Allemagne n’était pas réunifiée, l’Inde et la Chine pesaient ensemble environ 2% du PIB mondial. Pour les grands pays d’Europe, la dimension nationale prime ; aujourd’hui, c’est devenu un…