CONTREIl s’agit d’un amendement du gouvernement au projet de réforme de l’audiovisuel public qui est passé inaperçu. Et pourtant… Il est explosif. Alors que les sénateurs prévoyaient dans le texte de continuer à plafonner les recettes publicitaires de Radio France et de France Télévisions, un amendement récemment déposé par le gouvernement supprime cette disposition (voir les documents publiés en fin d’article). Aujourd’hui, dans le contrat d’objectifs et de moyens (COM) de Radio France signé avec l’État, les recettes publicitaires du groupe de radio publique sont plafonnées à environ 42 millions d’euros par an. France Télévisions dispose d’un quota de minutes de publicité autorisées par tranche horaire, avec une coupure totale de publicité après 20 heures, les parrainages restant autorisés après cette heure.
Le député Quentin Bataillon (Renaissance), membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, justifie l’amendement par ces mots : « Il est difficile de soutenir la limitation des recettes publicitaires de l’audiovisuel public et en même temps son indépendance via une politique organique historique. proposition de loi qui protégera son financement. »
Le sénateur Laurent Lafon (Union centriste), président de la commission sénatoriale de la culture, de l’éducation et de la communication et auteur du projet de loi, n’est pas du même avis. Selon lui, « il est important de conserver le principe du financement public de l’audiovisuel public. Les recettes publicitaires de Radio France et de France Télévisions ne doivent donc pas augmenter. “C’est une ligne rouge à ne pas franchir.”
Colère des radios privées
Aujourd’hui, le plafonnement des recettes publicitaires ne concerne que le chiffre d’affaires commercial et exclut la publicité généraliste et les revenus liés au numérique. Ce qui semble déjà trop pour le secteur privé. Radio France indique sur son site internet qu’en 2022, les « recettes publicitaires terrestres et numériques » ont atteint 64 millions d’euros, dont 41 millions issus de la publicité commerciale et du sponsoring, près de 16 millions de recettes publicitaires numériques et 7 millions de messages. d’intérêt général. “Il n’est pas normal que la publicité numérique n’entre pas dans le plafond des recettes publicitaires de Radio France et de France Télévisions”, nous expliquait récemment David Larramendy, président du directoire du groupe M6. Il ajoute : « Le budget des 7 radios de Radio France est équivalent à celui de toutes les autres radios privées. Il y a donc un déséquilibre dans la concurrence. »
LIRE AUSSI David Larramendy, le « gamin de M6 », passe à l’attaque « Ils sont complètement fous au gouvernement ! Plutôt que de demander aux dirigeants de gérer Radio France, ils prendront les recettes publicitaires des radios privées restructurées et dont certaines sont en difficulté. C’est de la connerie ! » s’agace le directeur d’une radio qui requiert l’anonymat. On peut compter sur une vive levée de boucliers de la part des radios privées des groupes M6 (RTL, RTL 2, Fun Radio), Lagardère-Vivendi (Europe 1, Europe 2, RFM), Altice Media (RMC, BFM Business) ou encore NRJ. . Déjà adopté en première lecture au Sénat, le texte doit être examiné les 23 et 24 mai à l’Assemblée nationale, pour une deuxième lecture au Sénat vers la mi-juin.