Partout, lundi 13 mai au soir, la même scène se répète inlassablement à Nouméa, la capitale habituellement paisible de la Nouvelle-Calédonie. Depuis la nuit tombée, de très jeunes indépendantistes se livrent à un dangereux jeu du chat et de la souris avec la police. Cocktails Molotov et pierres d’un côté, Flash-Ball, grenades de désencerclement et véhicules blindés de l’autre. La ville est en feu.
A mesure que la nuit avance, les témoignages de la flambée de violences qui frappe les quartiers de Magenta, Montravel et Rivière-Salée circulent sur les réseaux sociaux. Plusieurs magasins de proximité ont été incendiés, ainsi qu’au moins deux concessions automobiles, et l’usine de la société Le Froid, un grand distributeur de boissons, a été entièrement ravagée par les flammes vers 22 heures locales.
L’insurrection s’étend aux quartiers huppés, généralement épargnés. En début de soirée, sur le rond-point de l’Eau-Vive qui marque l’entrée sud de la privilégiée Nouméa, des dizaines de frêles personnages encapuchonnés prennent possession du terre-plein central, avant d’être délogés par des gendarmes mobiles au milieu de promeneurs et d’automobilistes stupéfaits.
Trente-six gendarmes blessés
Le Haut-Commissaire de la République, Louis Le Franc, a néanmoins adressé un ferme avertissement au journal télévisé de la chaîne La 1.temps, plus tôt. Il s’est adressé notamment aux jeunes Kanaks de la tribu Saint-Louis, tout proche de Nouméa, qui ont tiré sur les gendarmes sans les atteindre. «On ne joue pas avec la sécurité (…) avec des armes automatiques, des armes de poing, des fusils de gros calibre. Je vais embaucher le GIGN (Groupement National d’Intervention de la Gendarmerie) dans le secteur Saint-Louis. » Il a été autorisé à riposter en état de légitime défense.
En début d’après-midi, trois gardiens ont été pris en otage lors d’une mutinerie rapidement réprimée dans la prison surpeuplée du « Camp Est », tandis que les routes vers la Grande Terre étaient coupées. L’aéroport, menacé, a fini par fermer.
Avant de dégénérer, cette journée, qui devait marquer la désapprobation du camp indépendantiste envers la réforme constitutionnelle sur l’ouverture du corps électoral, examinée lundi par l’Assemblée nationale, avait pourtant débuté dans le calme, conformément aux instructions des organisateurs. La mobilisation, annoncée il y a quelques semaines par la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), l’organisation dédiée du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), était au rendez-vous. Jamais depuis les débuts de la quasi-guerre civile qui a frappé l’archipel dans les années 1980, les indépendantistes ne s’étaient autant rassemblés.
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Partout, lundi 13 mai au soir, la même scène se répète inlassablement à Nouméa, la capitale habituellement paisible de la Nouvelle-Calédonie. Depuis la nuit tombée, de très jeunes indépendantistes se livrent à un dangereux jeu du chat et de la souris avec la police. Cocktails Molotov et pierres d’un côté, Flash-Ball, grenades de désencerclement et véhicules blindés de l’autre. La ville est en feu.
A mesure que la nuit avance, les témoignages de la flambée de violences qui frappe les quartiers de Magenta, Montravel et Rivière-Salée circulent sur les réseaux sociaux. Plusieurs magasins de proximité ont été incendiés, ainsi qu’au moins deux concessions automobiles, et l’usine de la société Le Froid, un grand distributeur de boissons, a été entièrement ravagée par les flammes vers 22 heures locales.
L’insurrection s’étend aux quartiers huppés, généralement épargnés. En début de soirée, sur le rond-point de l’Eau-Vive qui marque l’entrée sud de la privilégiée Nouméa, des dizaines de frêles personnages encapuchonnés prennent possession du terre-plein central, avant d’être délogés par des gendarmes mobiles au milieu de promeneurs et d’automobilistes stupéfaits.
Trente-six gendarmes blessés
Le Haut-Commissaire de la République, Louis Le Franc, a néanmoins adressé un ferme avertissement au journal télévisé de la chaîne La 1.temps, plus tôt. Il s’est adressé notamment aux jeunes Kanaks de la tribu Saint-Louis, tout proche de Nouméa, qui ont tiré sur les gendarmes sans les atteindre. «On ne joue pas avec la sécurité (…) avec des armes automatiques, des armes de poing, des fusils de gros calibre. Je vais embaucher le GIGN (Groupement National d’Intervention de la Gendarmerie) dans le secteur Saint-Louis. » Il a été autorisé à riposter en état de légitime défense.
En début d’après-midi, trois gardiens ont été pris en otage lors d’une mutinerie rapidement réprimée dans la prison surpeuplée du « Camp Est », tandis que les routes vers la Grande Terre étaient coupées. L’aéroport, menacé, a fini par fermer.
Avant de dégénérer, cette journée, qui devait marquer la désapprobation du camp indépendantiste envers la réforme constitutionnelle sur l’ouverture du corps électoral, examinée lundi par l’Assemblée nationale, avait pourtant débuté dans le calme, conformément aux instructions des organisateurs. La mobilisation, annoncée il y a quelques semaines par la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), l’organisation dédiée du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), était au rendez-vous. Jamais depuis les débuts de la quasi-guerre civile qui a frappé l’archipel dans les années 1980, les indépendantistes ne s’étaient autant rassemblés.
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