Lors des questions au gouvernement qui ont eu lieu à l’Assemblée nationale ce mardi 14 mai, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et des hommes et de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé a répondu à la tribune publiée par une centaine de personnalités en cette journée d’ouverture de le Festival de Cannes.
“Qui nous écoute ?”, demandent la centaine de signataires de cette pétition signée dans les colonnes du journal Le Monde par plusieurs actrices incontournables du cinéma français comme Isabelle Adjani, Judith Godrèche et Juliette Binoche.
« Malgré le courage des victimes, l’impunité s’accroît »
“Depuis sept ans, nous parlons pour nous-mêmes et pour toutes les femmes, hommes et enfants qui ne peuvent le faire” mais “malgré le courage des victimes, l’impunité grandit”, dénoncent ces personnalités dans les pages du quotidien, soulignant que le taux de rejet des plaintes pour violences sexuelles a atteint un taux fou de 94% en 2022.
Au milieu de l’hémicycle aujourd’hui, Aurore Bergé a pris le micro pour réclamer “une modification du Code pénal” sur la notion de consentement, alors qu’à la mi-mars lors d’un échange avec une association féministe, le président Emmanuel Macron s’était dit en faveur de son inscription dans le droit français.
La ministre appelle donc à aller plus loin que les mesures déjà mises en place par le gouvernement concernant les violences sexistes et sexuelles. Ce que nous avons fait “n’est pas suffisant et c’est pourquoi cette réalité qui se joue dans notre intimité doit nous permettre de comprendre la notion de consentement”, a-t-elle déclaré.
« C’est pourquoi », selon elle, « qu’il faut changer notre code pénal, comprendre de manière globale ce que signifie le consentement et le comprendre dès le plus jeune âge. Mieux le caractériser pour mieux condamner, pour avoir des taux de condamnations plus efficaces.
“Cela se passe dans notre intimité, dans nos familles”
La ministre chargée de la lutte contre les discriminations a également rappelé que derrière la centaine de signataires de cette plateforme, “des milliers et des millions” de Français “ont subi, subissent ou pourraient subir des agressions sexuelles, des viols et des coups”. « C’est la réalité. C’est une réalité assez terrifiante à laquelle on ne veut pas forcément faire face, car dans 9 cas sur 10, une femme victime d’une agression sexuelle ou d’un viol connaît son agresseur.» .
« Cela se passe dans notre intimité, dans nos familles. Cela se passe chez nous, dans notre environnement professionnel », poursuit Aurore Bergé.
Sous les yeux des parlementaires, elle a aussi transposé cette réalité statistique nationale à l’échelle de l’hémicycle de l’Assemblée nationale. « Quand je regarde cet hémicycle, il y a peut-être des femmes qui ont subi des agressions sexuelles ou des viols », a commencé Aurore Bergé, avant de poursuivre :
« Une réalité encore plus terrifiante est que statistiquement, il y a potentiellement des agresseurs (en face d’elle). C’est cette réalité que nous devons collectivement aborder, sans pour autant pointer du doigt ou dire que tous les hommes sont des agresseurs. Ce n’est évidemment pas mon propos, mais pour y réfléchir enfin, c’est une question qui doit concerner toute notre société.”
Actuellement, l’article 222-23 du Code pénal définit le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle, quelle qu’en soit la nature, ou tout acte oro-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprendre”.
Article original publié sur BFMTV.com