AFP
Au procès Trump, son ex-avocat devenu ennemi juré admet avoir menti pour lui
Il a été le fidèle lieutenant mais il a juré sa perte: l’ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, a affirmé lundi avoir menti et intimidé au nom de l’ancien président des Etats-Unis, dans un face-à-face tendu au procès pour paiements cachés à une star du porno. Après le récit cru livré la semaine dernière par la star du cinéma pornographique Stormy Daniels sur une relation sexuelle en 2006 avec Donald Trump – qu’il nie – ce témoignage qui a débuté vers 9h30 (13h30 GMT) est l’autre moment crucial de cette procès historique aux enjeux politiques lourds. A 77 ans, le candidat républicain à la Maison Blanche risque la première condamnation pénale d’un ancien président dans l’histoire des Etats-Unis. Le procès, qui perturbe sa campagne en l’obligeant à suivre en silence presque chaque jour les audiences depuis la mi-avril dans un tribunal de New York, est entré dans une phase décisive. Appelé à la barre, Michael Cohen, 57 ans, l’air nerveux, est interrogé par un procureur pour savoir s’il a déjà “menti” et “intimidé” des personnes, le témoin a clairement répondu “oui” à deux reprises. “C’est ce qu’il fallait faire pour accomplir les tâches”, a déclaré sous serment l’ancien avocat. Donald Trump est resté impassible avant de s’effondrer sur sa chaise. M. Cohen, fidèle parmi les fidèles de l’époque, surnommait le “pitbull” de Donald Trump, qui avait payé 130 000 dollars à l’actrice pour acheter son silence sur cette relation sexuelle, à la fin de la campagne présidentielle en 2016. Selon l’accusation, lorsque Michael Cohen a été remboursé en 2017 par le président américain de l’époque, ces dépenses ont été déguisées en « frais de justice » dans les comptes de la holding Trump Organization, pour cacher que l’argent avait été utilisé pour étouffer un scandale. Donald Trump est poursuivi pour 34 délits de falsification comptable, ce qui pourrait théoriquement lui valoir une peine de prison. – Une haine tenace – Lorsque l’affaire a été révélée par le Wall Street Journal en 2018, Michael Cohen avait d’abord affirmé avoir payé Stormy Daniels de sa propre initiative, sans en informer son patron. Rattrapé par la justice, celui qui se piquait autrefois d’être prêt “à prendre une balle pour Donald Trump” s’est retourné contre ce dernier, affirmant avoir agi sous ses ordres. Michael Cohen a plaidé coupable en 2018 pour évasion fiscale, fausses déclarations au Congrès américain et violation des lois sur le financement des campagnes électorales, cette dernière infraction étant directement liée au paiement à Stormy Daniels. Condamné à trois ans de prison, il a passé environ un an derrière les barreaux. Son témoignage promet de faire des étincelles, car Michael Cohen et Donald Trump se vouent désormais une haine tenace. Vendredi, les avocats de Donald Trump ont encore déploré des vidéos sur TikTok où apparaît Michael Cohen portant un t-shirt sur lequel l’ancien président se tient derrière les barreaux. Le juge Juan Merchan a demandé au témoin de cesser de telles attaques, Donald Trump lui-même s’étant vu interdire de parler des témoins ou des jurés. Une fois interrogé par les procureurs, l’ancien avocat devrait être soumis à un feu roulant de questions de la défense, qui le dépeint comme un menteur pathologique, un avis partagé par les partisans de Donald Trump. “Cohen, c’est une grosse blague (…) Il n’a aucune crédibilité”, a déclaré Lisa Lombardo, 61 ans, lors d’un rassemblement de l’ancien président samedi près de New York. Depuis le début des débats, les jurés ont eu droit par plusieurs témoins à un portrait peu flatteur de Michael Cohen, capable d’abuser ou de cajoler ses interlocuteurs pour obtenir ce qu’il voulait. Ils ont également pu entendre un enregistrement audio d’une conversation privée où Michael Cohen discute avec Donald Trump d’un paiement pour obtenir le silence d’une autre femme, la mannequin Karen McDougal, qui affirmait également avoir eu une relation avec le milliardaire. mdo-gw-nr/aem