Qu’entend-on exactement par réindustrialisation ? Comment la société perçoit-elle aujourd’hui le monde industriel et ses réalités ? C’est à ces questions plus complexes qu’il n’y paraît auxquelles tente de répondre Bpifrance, la banque publique d’investissement chargée par l’État de financer en partie la réindustrialisation du pays, dans une enquête sur « industrie et territoires »rendue publique mercredi 15 mai. Réalisée de décembre 2023 à mars 2024, cette étude, qui Le monde a pu consulter, interrogé 5 000 citoyens et 2 828 dirigeants d’entreprises industrielles, dont des patrons de PME, d’ETI et de start-up.
Comment cette politique vantée par le gouvernement pénètre-t-elle les esprits ? A la lecture des résultats, 40 % des Français perçoivent une réindustrialisation en marche dans le pays. Mais le score est plus faible chez les dirigeants industriels, avec seulement 35 % des 2 828 patrons d’entreprises industrielles qui estiment que la France vit une telle période. UN “scepticisme”selon Bpifrance, ce qui s’explique en partie par les difficultés de nombreux patrons ces dernières années liées à la crise énergétique.
Cette perception relative n’implique pas nécessairement un rejet de la filière puisque 82% des personnes interrogées déclarent « favorable à la réindustrialisation », notamment auprès des CSP+ et des plus de 55 ans. Mais pas à n’importe quel prix : 56 % des sondés s’inquiètent également des impacts jugés “négatif”plaçant la pollution et les dommages causés à l’environnement au premier plan. « Il y a un enjeu de communication pour l’industrie qui doit changer son image auprès des Français qui la voient encore trop comme l’industrie démodée, à la cheminée fumante, plutôt que comme l’industrie innovante du 21e siècle.e siècle “estime Philippe Mutricy, directeur des études à Bpifrance.
Un possible malentendu
Dans le détail, il faut avant tout « porteur d’emploi » pour la majorité des sondés (44%), un objectif bien plus important à leurs yeux que la souveraineté et l’indépendance stratégique de la France (31%) ou la stimulation de la croissance économique (26%). La priorité accordée à la création d’emplois est encore plus forte parmi les personnes interrogées vivant dans des régions fortement touchées par la désindustrialisation au cours des dernières décennies – comme les Hauts-de-France et le Grand Est.
Un possible malentendu émerge sur le sens donné à la réindustrialisation dans la société civile et au sein de la classe dirigeante. Pour la grande majorité des Français interrogés (72 %), réindustrialiser le pays signifie « délocaliser les sites de production partis à l’étranger », alors que cela ne représente que 3 % des intentions des chefs d’entreprise. Pour les patrons, la relance de l’industrie en France se traduit davantage par «l’extension d’un site industriel» déjà existant (38%) et éventuellement le “création d’une nouvelle installation” (14 %).
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Qu’entend-on exactement par réindustrialisation ? Comment la société perçoit-elle aujourd’hui le monde industriel et ses réalités ? C’est à ces questions plus complexes qu’il n’y paraît auxquelles tente de répondre Bpifrance, la banque publique d’investissement chargée par l’État de financer en partie la réindustrialisation du pays, dans une enquête sur « industrie et territoires »rendue publique mercredi 15 mai. Réalisée de décembre 2023 à mars 2024, cette étude, qui Le monde a pu consulter, interrogé 5 000 citoyens et 2 828 dirigeants d’entreprises industrielles, dont des patrons de PME, d’ETI et de start-up.
Comment cette politique vantée par le gouvernement pénètre-t-elle les esprits ? A la lecture des résultats, 40 % des Français perçoivent une réindustrialisation en marche dans le pays. Mais le score est plus faible chez les dirigeants industriels, avec seulement 35 % des 2 828 patrons d’entreprises industrielles qui estiment que la France vit une telle période. UN “scepticisme”selon Bpifrance, ce qui s’explique en partie par les difficultés de nombreux patrons ces dernières années liées à la crise énergétique.
Cette perception relative n’implique pas nécessairement un rejet de la filière puisque 82% des personnes interrogées déclarent « favorable à la réindustrialisation », notamment auprès des CSP+ et des plus de 55 ans. Mais pas à n’importe quel prix : 56 % des sondés s’inquiètent également des impacts jugés “négatif”plaçant la pollution et les dommages causés à l’environnement au premier plan. « Il y a un enjeu de communication pour l’industrie qui doit changer son image auprès des Français qui la voient encore trop comme l’industrie démodée, à la cheminée fumante, plutôt que comme l’industrie innovante du 21e siècle.e siècle “estime Philippe Mutricy, directeur des études à Bpifrance.
Un possible malentendu
Dans le détail, il faut avant tout « porteur d’emploi » pour la majorité des sondés (44%), un objectif bien plus important à leurs yeux que la souveraineté et l’indépendance stratégique de la France (31%) ou la stimulation de la croissance économique (26%). La priorité accordée à la création d’emplois est encore plus forte parmi les personnes interrogées vivant dans des régions fortement touchées par la désindustrialisation au cours des dernières décennies – comme les Hauts-de-France et le Grand Est.
Un possible malentendu émerge sur le sens donné à la réindustrialisation dans la société civile et au sein de la classe dirigeante. Pour la grande majorité des Français interrogés (72 %), réindustrialiser le pays signifie « délocaliser les sites de production partis à l’étranger », alors que cela ne représente que 3 % des intentions des chefs d’entreprise. Pour les patrons, la relance de l’industrie en France se traduit davantage par «l’extension d’un site industriel» déjà existant (38%) et éventuellement le “création d’une nouvelle installation” (14 %).
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