Face à des dangers croissants, les entreprises doivent permettre à leurs salariés de servir la France. C’est le message délivré par Sébastien Lecornu lors d’un déplacement, mercredi 17 avril, à Guyancourt (Yvelines), à l’occasion de la signature par Renault d’une convention de mise à disposition de réservistes. « La plupart des crises que nous devons gérer ne sont plus des crises de courte durée, mais des menaces qui nécessiteront une capacité à perdurer dans le temps et donc à relayer les forces »a expliqué le ministre des Armées, appelant à « une forme de patriotisme du capitalisme français ».
L’objectif de l’exécutif est, il est vrai, ambitieux : en 2022, Emmanuel Macron a annoncé vouloir doubler le nombre de réservistes de l’armée d’ici 2030, pour atteindre 80 000 personnes. Actuellement, un peu plus de 41 000 civils, dont 23 % de femmes, font partie de la réserve opérationnelle. La durée des fiançailles varie de un à cinq ans et l’âge moyen est de 39 ans. « À terme, nous visons un modèle cohérent d’un réserviste pour deux militaires actifs »explique l’entourage de M. Lecornu.
Pour y parvenir, l’exécutif entend faciliter l’engagement sur la réserve opérationnelle et mettre un terme aux « réservistes clandestins »qui cachent leur statut à leur employeur, souvent pendant des années, de peur d’être montrés du doigt ou pénalisés dans leur parcours professionnel. « Les mentalités doivent changer et les entreprises doivent accepter de libérer des salariés pour servir dans la réserve »nous expliquons au ministère.
« Toucher des métiers clés »
Déjà, la nouvelle loi de programmation militaire 2024-2030, adoptée à l’été 2023, a porté de cinq à dix jours la durée de la mise à disposition de salariés, ce à quoi les entreprises ne peuvent s’opposer. Mais c’est loin d’être suffisant : les réservistes doivent s’entraîner et s’entraîner au moins trente jours par an pour être opérationnels, selon l’état-major de l’armée. En 2023, les réservistes civils consacraient en moyenne trente-six jours aux armées, mais ils le faisaient principalement pendant leurs week-ends ou leurs vacances. Un frein au doublement des effectifs.
Pour y remédier, les entreprises, mais aussi les collectivités locales, sont invitées à signer des conventions de partenariat avec la Garde nationale, qui regroupe les réservistes de l’armée et ceux de la police et de la gendarmerie, soit 77 000 personnes. Objectif : définir les modalités de mise à disposition de leurs salariés, notamment le nombre de jours d’absence et le maintien ou non de leur salaire. Les réservistes perçoivent une solde allant de 50 à 130 euros par jour, totalement exonérée d’impôt, selon leur grade et leur qualification, mais “la loi n’exige pas le maintien des salaires, c’est un geste patriotique des entreprises”précise le ministère.
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