Livre. Même si la Macronie refuse de mettre le sujet à l’ordre du jour, la question de la diversité scolaire continue de le lui rappeler. Dernier épisode en date : une crise politique provoquée par Amélie Oudéa-Castéra, éphémère ministre de l’Éducation nationale, qui assurait, début 2024, devant les caméras, qu’elle avait choisi un établissement privé pour ses enfants en raison de absentéisme des enseignants public.
Derrière ces propos, de nombreux commentateurs ont reconnu une stratégie assumée des élites, l’évitement des écoles publiques. Cette dernière n’est qu’un des aspects du « séparatisme social » à l’œuvre dans les écoles françaises : à l’autre extrémité du spectre, les difficultés se concentrent dans les établissements ségrégués. Quelle est l’ampleur du problème, quelles sont ses conséquences sur les étudiants et surtout que peut-on encore faire ? L’ancienne ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem et le sociologue François Dubet s’efforcent de répondre à ces questions dans un petit ouvrage stimulant, Le ghetto scolaire. Pour mettre fin au séparatisme.
Le texte s’appuie sur la longue expérience de l’un et de l’autre : François Dubet est une référence sur les questions d’inégalités éducatives, et Najat Vallaud-Belkacem a elle-même mené des réformes et des expérimentations en faveur de la diversité lorsqu’elle était ministre. Le lecteur trouvera dans cette synthèse les principaux arguments en faveur de la diversité, à l’heure où le système prend le chemin inverse, avec la création de groupes de niveaux en mathématiques et en français au collège.
Transformer l’offre éducative
Les recherches en sciences de l’éducation sont unanimes : les groupes homogènes faibles progressent peu, tandis que les groupes homogènes performants progressent bien. Dans les classes mixtes, les élèves performants progressent un peu moins vite et les élèves peu performants progressent beaucoup. D’où un « théorème largement vérifié » : la diversité a des effets très positifs pour les étudiants les plus faibles, sans pour autant « coûter » aux étudiants les plus performants.
Le travail s’attache ensuite à décortiquer les mécanismes de ségrégation. Il y a bien sûr l’évitement des familles, mais aussi la géographie elle-même. Cet aspect, souvent relégué, est essentiel et rappelé à plusieurs reprises : les territoires ne se ressemblent pas, et une solution qui fonctionne au nord de Paris peut être un échec à Toulouse.
Les auteurs énumèrent ainsi des solutions, dont beaucoup sont des expériences initiées lorsque Najat Vallaud-Belkacem était ministre : fermer des collèges trop ségrégués, mélanger les étudiants de deux collèges voisins, transformer l’offre pédagogique pour rendre un établissement plus attractif.
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Livre. Même si la Macronie refuse de mettre le sujet à l’ordre du jour, la question de la diversité scolaire continue de le lui rappeler. Dernier épisode en date : une crise politique provoquée par Amélie Oudéa-Castéra, éphémère ministre de l’Éducation nationale, qui assurait, début 2024, devant les caméras, qu’elle avait choisi un établissement privé pour ses enfants en raison de absentéisme des enseignants public.
Derrière ces propos, de nombreux commentateurs ont reconnu une stratégie assumée des élites, l’évitement des écoles publiques. Cette dernière n’est qu’un des aspects du « séparatisme social » à l’œuvre dans les écoles françaises : à l’autre extrémité du spectre, les difficultés se concentrent dans les établissements ségrégués. Quelle est l’ampleur du problème, quelles sont ses conséquences sur les étudiants et surtout que peut-on encore faire ? L’ancienne ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem et le sociologue François Dubet s’efforcent de répondre à ces questions dans un petit ouvrage stimulant, Le ghetto scolaire. Pour mettre fin au séparatisme.
Le texte s’appuie sur la longue expérience de l’un et de l’autre : François Dubet est une référence sur les questions d’inégalités éducatives, et Najat Vallaud-Belkacem a elle-même mené des réformes et des expérimentations en faveur de la diversité lorsqu’elle était ministre. Le lecteur trouvera dans cette synthèse les principaux arguments en faveur de la diversité, à l’heure où le système prend le chemin inverse, avec la création de groupes de niveaux en mathématiques et en français au collège.
Transformer l’offre éducative
Les recherches en sciences de l’éducation sont unanimes : les groupes homogènes faibles progressent peu, tandis que les groupes homogènes performants progressent bien. Dans les classes mixtes, les élèves performants progressent un peu moins vite et les élèves peu performants progressent beaucoup. D’où un « théorème largement vérifié » : la diversité a des effets très positifs pour les étudiants les plus faibles, sans pour autant « coûter » aux étudiants les plus performants.
Le travail s’attache ensuite à décortiquer les mécanismes de ségrégation. Il y a bien sûr l’évitement des familles, mais aussi la géographie elle-même. Cet aspect, souvent relégué, est essentiel et rappelé à plusieurs reprises : les territoires ne se ressemblent pas, et une solution qui fonctionne au nord de Paris peut être un échec à Toulouse.
Les auteurs énumèrent ainsi des solutions, dont beaucoup sont des expériences initiées lorsque Najat Vallaud-Belkacem était ministre : fermer des collèges trop ségrégués, mélanger les étudiants de deux collèges voisins, transformer l’offre pédagogique pour rendre un établissement plus attractif.
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