« Nous voulons l’indépendance sanitaire, l’indépendance industrielle, mais nous ne pouvons même pas garder Biogaran ! » Karine Pinon est en colère. Depuis plusieurs années, le président d’Amlis, l’association regroupant les petits laboratoires qui produisent et commercialisent en France des médicaments matures et peu coûteux, ne cesse d’alerter les pouvoirs publics sur la dégradation de la situation financière des industriels du secteur. , dont la chute a été accélérée par l’inflation.
Alors que les besoins en produits de santé s’accélèrent avec le vieillissement de la population, le secteur peine à maintenir la tête hors de l’eau et réclame une révision rapide du modèle économique du médicament, jugé défaillant. « Le système s’essouffle. Comment voulez-vous continuer à entretenir un arsenal thérapeutique décent pour les Français et réduire les pénuries alors que certains de nos médicaments, qui sont des traitements essentiels, sont vendus à perte ? », déplore-t-elle. Selon les estimations des laboratoires contactés, 15 à 20 % des médicaments de leurs catalogues sont déficitaires.
Le patron d’Amlis est loin d’être le seul à s’indigner. Au sein de Gemme, l’association représentative des professionnels du générique, Sébastien Trinquard, délégué général, fait le même constat et ajoute, chiffres à l’appui : « En 2021, la rentabilité du marché des génériques était de 0,3 %. Il était nul en 2022, et négatif à -1,5% en 2023. » Pourtant, souligne-t-il, les industriels du secteur sont des rouages essentiels de l’efficacité du système de santé puisque ces médicaments hors brevet, vendus bien moins chers que leurs médicaments de référence, génèrent des économies substantielles – de l’ordre de 2,5 milliards d’euros chaque année – pour la Sécurité sociale.
Vecteur de mécontentement
Dans le collimateur des professionnels : le prix des médicaments. « En moyenne, les prix français des génériques sont inférieurs de plus de 65 % à ceux de nos voisins allemands, britanniques, espagnols et italiens. Le coût moyen d’une tablette est ici de 16 centimes, contre 27 centimes dans ces quatre pays européens., explique M. Trinquard. De quoi décourager certains laboratoires. « N’importe quel pays est plus intéressant que la France. Même en Colombie ou au Zimbabwe, ils achètent mes médicaments plus cher.”dit un constructeur désillusionné.
Autre vecteur de leur mécontentement : la clause de sauvegarde. Cette contribution fiscale, spécifique au secteur pharmaceutique, et qui permet à l’État de maîtriser les dépenses en médicaments, a explosé ces dernières années sous l’effet de l’arrivée massive de traitements innovants très coûteux. Une situation jugée injuste par les fabricants de génériques, qui subissent déjà chaque année des baisses de prix sur leurs produits : «Cette clause sanctionne notre secteur et affecte notre rentabilité», insiste M. Trinquard, qui milite pour exempter les fabricants de génériques. Un casse-tête pour le gouvernement qui cherche par tous les moyens à faire des économies.
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« Nous voulons l’indépendance sanitaire, l’indépendance industrielle, mais nous ne pouvons même pas garder Biogaran ! » Karine Pinon est en colère. Depuis plusieurs années, le président d’Amlis, l’association regroupant les petits laboratoires qui produisent et commercialisent en France des médicaments matures et peu coûteux, ne cesse d’alerter les pouvoirs publics sur la dégradation de la situation financière des industriels du secteur. , dont la chute a été accélérée par l’inflation.
Alors que les besoins en produits de santé s’accélèrent avec le vieillissement de la population, le secteur peine à maintenir la tête hors de l’eau et réclame une révision rapide du modèle économique du médicament, jugé défaillant. « Le système s’essouffle. Comment voulez-vous continuer à entretenir un arsenal thérapeutique décent pour les Français et réduire les pénuries alors que certains de nos médicaments, qui sont des traitements essentiels, sont vendus à perte ? », déplore-t-elle. Selon les estimations des laboratoires contactés, 15 à 20 % des médicaments de leurs catalogues sont déficitaires.
Le patron d’Amlis est loin d’être le seul à s’indigner. Au sein de Gemme, l’association représentative des professionnels du générique, Sébastien Trinquard, délégué général, fait le même constat et ajoute, chiffres à l’appui : « En 2021, la rentabilité du marché des génériques était de 0,3 %. Il était nul en 2022, et négatif à -1,5% en 2023. » Pourtant, souligne-t-il, les industriels du secteur sont des rouages essentiels de l’efficacité du système de santé puisque ces médicaments hors brevet, vendus bien moins chers que leurs médicaments de référence, génèrent des économies substantielles – de l’ordre de 2,5 milliards d’euros chaque année – pour la Sécurité sociale.
Vecteur de mécontentement
Dans le collimateur des professionnels : le prix des médicaments. « En moyenne, les prix français des génériques sont inférieurs de plus de 65 % à ceux de nos voisins allemands, britanniques, espagnols et italiens. Le coût moyen d’une tablette est ici de 16 centimes, contre 27 centimes dans ces quatre pays européens., explique M. Trinquard. De quoi décourager certains laboratoires. « N’importe quel pays est plus intéressant que la France. Même en Colombie ou au Zimbabwe, ils achètent mes médicaments plus cher.”dit un constructeur désillusionné.
Autre vecteur de leur mécontentement : la clause de sauvegarde. Cette contribution fiscale, spécifique au secteur pharmaceutique, et qui permet à l’État de maîtriser les dépenses en médicaments, a explosé ces dernières années sous l’effet de l’arrivée massive de traitements innovants très coûteux. Une situation jugée injuste par les fabricants de génériques, qui subissent déjà chaque année des baisses de prix sur leurs produits : «Cette clause sanctionne notre secteur et affecte notre rentabilité», insiste M. Trinquard, qui milite pour exempter les fabricants de génériques. Un casse-tête pour le gouvernement qui cherche par tous les moyens à faire des économies.
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