EMMANUEL DUNAND / AFP
Gabriel Attal et Eric Dupond-Moretti à l’Assemblée nationale le 30 janvier 2024.
POLITIQUE – “ Atténuer » atténuation de la responsabilité. C’est une des pistes évoquées par Gabriel Attal jeudi 18 avril à Viry-Châtillon (Essonne) pour lutter contre les petites violences. Le Premier ministre a rouvert le développement de « l’excuse minoritaire » instaurée dans le Code de justice pénale des mineurs et dont le principe est consacré par le Conseil constitutionnel.
“Je suis prêt dans le cadre de la discussion à ce que nous devions examiner comment atténuer l’excuse minoritaire dans certains cas”à condition qu’il soit « possible et efficace » pour ce faire, a confirmé le locataire de Matignon sur BFMTV dans la soirée.
L’excuse minoritaire – “atténuation de responsabilité” en langage juridique – s’applique aux mineurs âgés de 13 à 17 ans inclus considérés comme capables de discernement et reconnus coupables de « crimes, délits ou contraventions ». Il précise qu’ils ne peuvent pas recevoir une peine de prison supérieure à la moitié de la peine requise pour un adulte. Cela revient à pénaliser moins sévèrement les mineurs que les adultes en réduisant de moitié la peine encourue.
Autre spécificité très importante : l’excuse minoritaire s’applique automatiquement et ne peut être levée que pour les 16 et 17 ans, uniquement sur décision motivée du juge.
« Fantastique de la culture de l’excuse » et efficacité relative
Parmi diverses mesures visant à rappeler aux jeunes « autorité et règle commune »Gabriel Attal souhaite donc revoir ce principe qui, selon lui, contribue à ce que « Beaucoup de ces jeunes ont le sentiment que leur âge autorise tout, (…) que parce qu’ils ont 13, 14 ou 15 ans, il ne leur arrivera jamais rien. »
Sur BFMTV quelques heures plus tard, il évoquait le cas de « un jeune de 16 ans qui commet un acte particulièrement grave », une situation où le principe pourrait être ” inverse ” avec une excuse minoritaire appliquée exceptionnellement et non plus automatiquement. Le mineur serait donc passible d’une peine équivalente à celle d’un majeur, sauf décision contraire du juge.
Là ” piste “ évoquée par le Premier ministre se veut dissuasive. Mais son efficacité a été immédiatement remise en question par plusieurs avocats. “Je ne pense pas qu’un jeune qui n’est pas dissuadé par la perspective d’aller en prison pendant deux ans et demi sera plus dissuadé par le risque de purger une peine de cinq ans”estimations sur franceinfo Myrtis Vinas-Roudières, juge des enfants à Bobigny et déléguée du Syndicat de la magistrature.
Le syndicat, orienté à gauche, dénonce également dans un communiqué « la réactivation du fantasme de la « culture de l’excuse » » et affirme que « loin des représentations très commodes d’une justice prétendument laxiste et dépassée (…) la justice des mineurs est, au contraire, devenue considérablement plus dure ces dernières années. avec des peines de prison de plus en plus lourdes.
« Atténuer » sans affecter la majorité pénale
La révision de l’excuse minoritaire est une vieille favorite à droite de l’échiquier politique, chaque fait divers dramatique étant l’occasion de relancer le débat. « Il faut éliminer une fois pour toutes cette excuse minoritaire », plaidait par exemple sur BFMTV le patron de LR Éric Ciotti en janvier 2023, en marge d’une rixe meurtrière à Thiais (Val-de-Marne). Une position partagée par le président du Rassemblement national Jordan Bardella sur le plateau de la chaîne d’information continue le 17 avril 2024.
Le gouvernement refuse. “Je vous rappelle qu’en matière de justice pénale pour mineurs, l’atténuation de responsabilité, issue du Conseil national de la Résistance du général de Gaulle, est un principe à valeur constitutionnelle, consacré par le Conseil constitutionnel”, répondait à droite Éric Dupond-Moretti en janvier 2023. Un an et demi plus tard, il se charge néanmoins d’étudier la possibilité d’une « atténuation » limitée toutefois aux 16-17 ans.
Pas question en revanche d’abaisser la majorité pénale à 16 ans (au lieu de 18) comme le réclamaient LR et RN. « La jurisprudence du Conseil constitutionnel dit que si on baisse la majorité pénale, on baisse la majorité civile »a rappelé Gabriel Attal sur BFMTV. « La question est donc : comment, en maintenant le principe de majorité pénale (à 18 ans, NDLR), peut-on arriver à l’atténuer dans certains cas ? »il ajouta.
Sur RTL, Éric Dupond-Moretti a une nouvelle fois évoqué le renversement du principe d’automaticité, soulignant qu’en 2007, le Conseil constitutionnel avait validé une réforme visant à lever le motif minoritaire pour les mineurs récidivistes de 16 ans et plus pour des crimes ou délits d’une caractère violent ou sexuel, sauf décision motivée du tribunal. Loi à l’époque portée par une certaine Rachida Dati avant d’être abrogée en 2014 par une disposition de la loi Taubira.
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Gabriel Attal et Eric Dupond-Moretti à l’Assemblée nationale le 30 janvier 2024.
POLITIQUE – “ Atténuer » atténuation de la responsabilité. C’est une des pistes évoquées par Gabriel Attal jeudi 18 avril à Viry-Châtillon (Essonne) pour lutter contre les petites violences. Le Premier ministre a rouvert le développement de « l’excuse minoritaire » instaurée dans le Code de justice pénale des mineurs et dont le principe est consacré par le Conseil constitutionnel.
“Je suis prêt dans le cadre de la discussion à ce que nous devions examiner comment atténuer l’excuse minoritaire dans certains cas”à condition qu’il soit « possible et efficace » pour ce faire, a confirmé le locataire de Matignon sur BFMTV dans la soirée.
L’excuse minoritaire – “atténuation de responsabilité” en langage juridique – s’applique aux mineurs âgés de 13 à 17 ans inclus considérés comme capables de discernement et reconnus coupables de « crimes, délits ou contraventions ». Il précise qu’ils ne peuvent pas recevoir une peine de prison supérieure à la moitié de la peine requise pour un adulte. Cela revient à pénaliser moins sévèrement les mineurs que les adultes en réduisant de moitié la peine encourue.
Autre spécificité très importante : l’excuse minoritaire s’applique automatiquement et ne peut être levée que pour les 16 et 17 ans, uniquement sur décision motivée du juge.
« Fantastique de la culture de l’excuse » et efficacité relative
Parmi diverses mesures visant à rappeler aux jeunes « autorité et règle commune »Gabriel Attal souhaite donc revoir ce principe qui, selon lui, contribue à ce que « Beaucoup de ces jeunes ont le sentiment que leur âge autorise tout, (…) que parce qu’ils ont 13, 14 ou 15 ans, il ne leur arrivera jamais rien. »
Sur BFMTV quelques heures plus tard, il évoquait le cas de « un jeune de 16 ans qui commet un acte particulièrement grave », une situation où le principe pourrait être ” inverse ” avec une excuse minoritaire appliquée exceptionnellement et non plus automatiquement. Le mineur serait donc passible d’une peine équivalente à celle d’un majeur, sauf décision contraire du juge.
Là ” piste “ évoquée par le Premier ministre se veut dissuasive. Mais son efficacité a été immédiatement remise en question par plusieurs avocats. “Je ne pense pas qu’un jeune qui n’est pas dissuadé par la perspective d’aller en prison pendant deux ans et demi sera plus dissuadé par le risque de purger une peine de cinq ans”estimations sur franceinfo Myrtis Vinas-Roudières, juge des enfants à Bobigny et déléguée du Syndicat de la magistrature.
Le syndicat, orienté à gauche, dénonce également dans un communiqué « la réactivation du fantasme de la « culture de l’excuse » » et affirme que « loin des représentations très commodes d’une justice prétendument laxiste et dépassée (…) la justice des mineurs est, au contraire, devenue considérablement plus dure ces dernières années. avec des peines de prison de plus en plus lourdes.
« Atténuer » sans affecter la majorité pénale
La révision de l’excuse minoritaire est une vieille favorite à droite de l’échiquier politique, chaque fait divers dramatique étant l’occasion de relancer le débat. « Il faut éliminer une fois pour toutes cette excuse minoritaire », plaidait par exemple sur BFMTV le patron de LR Éric Ciotti en janvier 2023, en marge d’une rixe meurtrière à Thiais (Val-de-Marne). Une position partagée par le président du Rassemblement national Jordan Bardella sur le plateau de la chaîne d’information continue le 17 avril 2024.
Le gouvernement refuse. “Je vous rappelle qu’en matière de justice pénale pour mineurs, l’atténuation de responsabilité, issue du Conseil national de la Résistance du général de Gaulle, est un principe à valeur constitutionnelle, consacré par le Conseil constitutionnel”, répondait à droite Éric Dupond-Moretti en janvier 2023. Un an et demi plus tard, il se charge néanmoins d’étudier la possibilité d’une « atténuation » limitée toutefois aux 16-17 ans.
Pas question en revanche d’abaisser la majorité pénale à 16 ans (au lieu de 18) comme le réclamaient LR et RN. « La jurisprudence du Conseil constitutionnel dit que si on baisse la majorité pénale, on baisse la majorité civile »a rappelé Gabriel Attal sur BFMTV. « La question est donc : comment, en maintenant le principe de majorité pénale (à 18 ans, NDLR), peut-on arriver à l’atténuer dans certains cas ? »il ajouta.
Sur RTL, Éric Dupond-Moretti a une nouvelle fois évoqué le renversement du principe d’automaticité, soulignant qu’en 2007, le Conseil constitutionnel avait validé une réforme visant à lever le motif minoritaire pour les mineurs récidivistes de 16 ans et plus pour des crimes ou délits d’une caractère violent ou sexuel, sauf décision motivée du tribunal. Loi à l’époque portée par une certaine Rachida Dati avant d’être abrogée en 2014 par une disposition de la loi Taubira.
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