Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, assure que l’abaissement de la note de la France par l’agence Standard and Poor’s n’aura pas “aucun impact sur le quotidien des Français“. Avant d’ajouter : “C’est comme si on était passé de 18 à 17 sur 20» «Nous n’augmenterons pas les impôtsil y a déjà trop d’impôts en France», a répété le Premier ministre Gabriel Attal sur Franceinfo ce lundi matin.
L’agence américaine Standard and Poor’s note la dette souveraine française et la relève de AA à AA-. Il évalue la capacité de la France à rembourser ses dettes. Il s’agit de la première dégradation de cet indicateur depuis 2013. Cette décision pourrait-elle impacter les taux de crédit qui poursuivent actuellement leur baisse pour le 5ème mois consécutif ? En mai, les taux négociés par CAFPI, courtier en prêts immobiliers, pour ses clients ont atteint 3,60% sur 10 ans (-3 centièmes), 3,66% sur 15 ans (-3 centièmes), 3,78% sur 20 ans (-1 centièmes). ) et 3,93% sur 25 ans (stable), soit des taux proches de ceux pratiqués en juillet 2023. Si les baisses restent marginales par rapport au mois dernier, elles s’inscrivent dans un mouvement plus large.
Aucun impact en vue
Caroline Arnould, directrice générale du CAFPI, se veut rassurante : «Cela ne devrait avoir aucun impact. La détérioration de AA en AA est légère, c’est avant tout un coup de semonce adressé au gouvernement pour accélérer la réduction de la dette. A ce stade, la dette française reste de bonne qualité pour les investisseurs.» Même son de cloche du côté de Maël Bernier, directeur des communications et porte-parole de MeilleurTaux : «Ceci devra être suivi en fonction de l’évolution future des OAT. (NDLR : instruments financiers émis par l’État français pour lever des fonds). A ce jour, les derniers barèmes reçus sont soit dégressifs, soit stables, donc pas de panique. Mais encore une fois il faut surveiller les OAT.»
Cécile Roquelaure, directrice des études à Empruntis, «comprend l’inquiétude des Français. Lorsque la note d’un Etat est dégradée par une agence de notation qui compte beaucoup comme Standard and Poor’s qui est une grande agence, elle offre alors moins de garanties, ce qui ajoute un peu d’insécurité financière.“. Elle reste toutefois positive : “Habituellement, une baisse de la note entraîne une augmentation de la dette souveraine et donc un prêt immobilier qui coûte plus cher en théorie mais ce n’est pas une science exacte. Bruno Le Maire n’a pas tort lorsqu’il assure que la baisse de la note n’impactera pas le quotidien des Français, la nouvelle de cette baisse de note était anticipée donc elle ne changera pas grand chose en termes de crédit. Les emprunteurs peuvent être rassurés, d’autant plus que les banques sont très disposées.»
Une note qui reste attractive
Une vision partagée par Pierre Chapon, co-fondateur de Pretto, courtier immobilier : «L’impact de cette baisse de notation sur les taux hypothécaires devrait être limité : la décision était attendue et déjà anticipée par les marchés sur le prix des obligations souveraines, utilisées comme référence par les banques pour fixer leurs taux d’intérêt. Cela se confirme en début de semaine avec les taux souverains français connaissant même une légère baisse.“. Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer prédit : «La baisse des taux de la Banque centrale européenne, la BCE, annoncée jeudi devrait contrebalancer l’impact négatif qu’il aurait pu y avoir… Il n’y a donc finalement aucun impact à attendre tant que d’autres agences ne dégradent pas la note.e.”
L’économiste Mathieu Plane, directeur adjoint à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE – Centre d’études économiques de Sciences Po), partage le point de vue des différents courtiers interrogés. “Les effets attendus de cette dégradation de notation sont extrêmement minimes. Standard and Poor’s avait déjà placé la France sous perspective négative en décembre. Ce n’est donc pas une gigantesque surprise, ni une bombe imprévisible. Ce que les marchés n’aiment pas, c’est ce qui n’est pas prévisible“. Par ailleurs, cette note reste honorable. “La note, même dégradée, reste attractive. Nous ne sommes pas dans un scénario où il n’y aurait plus de contrôle sur les finances publiques. On était à 20/20 en 2012, on était excellents, maintenant on est dans le bas de la très bonne fourchette. Le risque financier à court terme est nul“, il ajoute. Selon lui, la question concerne principalement la réponse que le gouvernement apportera. Va-t-il tenir compte de cette baisse de note et serrer davantage la vis budgétaire ?