La mer, la dune et, au bout du chemin, une antenne de téléphone portable. La carte postale des côtes françaises ressemblera-t-elle à cela dans quelques mois ? Deux initiatives parlementaires visent à assouplir les règles du code de l’urbanisme qui limitent actuellement l’installation de pylônes télécoms dans les communes soumises à la loi relative à l’aménagement, à la protection et à l’aménagement du littoral.
D’un côté, le député Eric Bothorel (Renaissance, Côtes d’Armor), soutenu par 167 de ses collègues du parti d’Emmanuel Macron, défend un projet de loi visant à améliorer les services 4G et 5G dans ces communes. L’examen du texte, déposé le 2 mai, doit débuter le 12 juin à l’Assemblée nationale. Au Palais du Luxembourg, c’est le sénateur Patrick Chaize (Les Républicains, Ain) qui mène la charge : il a fait inscrire un amendement à la loi de simplification de la vie économique, en première lecture au Sénat, afin d’obtenir, le à titre expérimental jusqu’au 31 décembre 2028, une dérogation à la loi « littoral ».
Aujourd’hui, les règles d’installation d’un relais de téléphonie mobile dans plus de 1 200 communes classées zones côtières sont extrêmement strictes. Dans une décision du 11 juin 2021, le Conseil d’État a confirmé que ces équipements relèvent des restrictions du code de l’urbanisme.
Accueillir un pylône
Ainsi, sur le littoral, l’installation de ces antennes ne peut se faire qu’au sein des zones urbanisées ou en continuité avec celles-ci. Il est donc impossible d’ériger un pylône sur un terrain agricole ou naturel ou dans une zone d’urbanisation diffuse, même loin du littoral : la zone côtière s’étend jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur des terres.
Selon la Fédération française des télécoms (FFT), l’association qui représente les opérateurs français, dont Orange, SFR et Bouygues Telecom, et qui milite depuis plusieurs années pour un assouplissement du code de l’urbanisme, « le principe d’extension de l’urbanisation dans la continuité touche de manière très concrète un nombre important de projets de sites sur les territoires côtiers ».
La FFT a dénombré que, sur 1 848 projets de chantiers mobiles dans ces zones, 200 sont bloqués pour refus de déclaration préalable en raison de la loi « littoral », 584 demandes de déclaration préalable n’ont pas été déposées, car contrairement aux dispositions de la loi. , et 1 064 rencontrent des difficultés de mise en œuvre non directement liées à la loi. Les habitants de ces quartiers en poursuite d’urbanisation, qui pourraient accueillir un pylône, sont souvent opposés à l’installation d’un pylône au bout de leur jardin. Résultat, « les antennes sont parfois placées sur des parcelles éloignées des habitants, ceux qui ont besoin d’une couverture mobile, et pas forcément là où elles sont les plus efficaces »regrette Michel Canévet, sénateur du Finistère (Union centriste), qui a tenté en 2021 d’assouplir les règles.
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