Ce mercredi, François-Xavier Bellamy accuse Emmanuel Macron de mentir aux Français en leur répétant que “l’extrême droite peut arriver au pouvoir en Europe” et que la liste Renaissance est le seul “rempart contre l’extrême droite”.
A la lecture des sondages disponibles en Europe et des projections en sièges du futur Parlement, la tête de liste LR a-t-elle raison ?
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Élections européennes 2024
La tête de liste LR multiplie les coups de gueule. Ce mercredi 5 juin sur Europe 1, François-Xavier Bellamy s’en est pris au chef de l’Etat et au récit qu’il imposerait dans la campagne pour les élections européennes afin de justifier son duel entre Renaissance et Rassemblement national. « Emmanuel Macron raconte une histoire complètement fausse aux Français » quand il assure que « L’extrême droite peut accéder au pouvoir en Europe » et que la liste de Valérie Hayer serait “le rempart contre l’extrême droite”. “C’est un mensonge complet”a déclaré l’eurodéputé sortant. « L’histoire qu’Emmanuel Macron voudrait raconter et qui oppose les populistes aux progressistes, (…) est un mensonge qui n’intéresse que lui et Madame Macron »il ajouta.
Avant de voir comment pourrait évoluer la composition du Parlement européen, commençons par analyser sa composition actuelle. Le groupe le plus important est celui du Parti populaire européen (PPE), ou droite républicaine, représenté par LR en France, avec 176 membres. Le deuxième groupe est celui des sociaux-démocrates (S&D), où siège Raphaël Glucksmann (PS-Place publique), avec 139 élus. Vient ensuite le groupe Renew, présidé par Valérie Hayer (Renaissance), composé de 102 députés européens. 72 députés siègent dans le groupe écologiste, 37 dans celui de la gauche radicale de Manon Aubry (LFI). L’extrême droite est divisée en deux groupes : celui des Conservateurs et Réformistes ECR, composé de 69 personnes, c’est là que se trouvent Marion Maréchal et l’élu Reconquête ! ; et le groupe Identité et Démocratie, où siège le Rassemblement national, sur un total de 49 députés.
Ainsi, lorsque François-Xavier Bellamy déclare que « les deux grandes forces politiques qui s’affrontent quotidiennement au Parlement européen sont la droite européenne à laquelle j’appartiens et la gauche européenne »il dit la vérité.
Une progression de l’extrême droite…
Mais qu’en est-il du futur ? En France, l’extrême droite est, depuis le début des sondages, largement en tête et devrait envoyer le plus gros contingent d’eurodéputés à Strasbourg, deux fois plus que la majorité présidentielle. Si cette montée des partis populistes s’observe également dans plusieurs pays européens, est-elle suffisante pour faire basculer la majorité européenne vers l’extrême droite ? Pas vraiment, selon des enquêtes réalisées au niveau européen.
Plusieurs outils d’enquête et agrégateurs proposent des projections en additionnant les enquêtes d’opinion réalisées dans les 27 États membres de l’Union européenne. Pour les lire, il faut garder à l’esprit que le nombre d’eurodéputés passera de 705 à 720, et que la répartition de certains groupes sera modifiée. Par exemple, l’AfD quittera le groupe Identité et Démocratie, ce qui représente une perte de 16 sièges.
Mardi, Europe Elects a publié une prévision prévoyant l’élection de 182 députés européens dans le groupe PPE, 136 dans le groupe Social-Démocrates, 81 dans le groupe Renew, 79 dans le groupe ECR et 69 dans le groupe Identité et Démocratie. Une projection réalisée par Euronews et mise à jour le 4 juin promet 181 députés au groupe PPE, 136 au groupe socialiste, 81 au groupe Renew, 80 à Identité et Démocratie et 66 au groupe ECR.
Si les groupes PPE et S&D vont donc perdre un peu d’influence, c’est surtout le groupe centriste Renew qui devrait subir le coup et perdre du poids à Strasbourg en se retrouvant avec le même nombre de députés que les deux groupes d’extrême droite. Ils pourront continuer à peser en conservant leur place dans la majorité informelle qu’ils composent avec la droite et la gauche socialiste puisqu’à eux deux, ces groupes devraient conserver près de 400 députés sur 720. La droite radicale pourrait devenir la deuxième force. du Parlement s’il pouvait s’entendre et s’unir, ce qui n’est pas le cas actuellement.
…mais pas de « vague populiste »
Dans une note rédigée en mars dernier, Ipsos prévoyait que la droite radicale progresserait mais sans contribuer à une « vague populiste », en raison de ses résultats non uniformes en Europe. Si le RN en France, l’AfD en Allemagne, le PVV aux Pays-Bas et les partis de droite radicale AUR et SOS Roumanie en Roumanie devraient améliorer leurs résultats, ce ne sera pas le cas de la Ligue de Matteo Salvini en Italie ou du PiS en Pologne. Donc, “Si la progression de la droite radicale déplaçait légèrement le centre de gravité du prochain Parlement européen vers la droite, elle ne modifierait pas les grands équilibres”, a noté l’institut. De quoi donner raison à François-Xavier Bellamy.