Il savait que ses chances de prendre le départ du semi-marathon des Championnats d’Europe de Rome (qui débute ce vendredi) étaient limitées. Sous le coup de trois manquements présumés à ses obligations de localisation, Mehdi Frère manquera finalement le rendez-vous romain.
En effet, le marathonien, présélectionné pour les JO, est provisoirement suspendu depuis mardi par l’Athletics Integrity Unit (AIU), qui l’accuse de trois manquements à ses obligations de localisation. Jusque-là, le Français savait qu’une menace pesait sur sa tête mais la troisième brèche était alors assumée et non encore notifiée. Malgré les explications fournies par son avocat, Laurent Fellous, à l’instance internationale, le troisième manquement a été notifié par l’AIU, entraînant une suspension provisoire.
Un appel refusé par l’AIU
Informé mardi, Brother, selon nos informations, a tenté de faire appel pour obtenir la levée de cette suspension afin de pouvoir courir à Rome où il participe à un semi-marathon. Mais ce recours n’a pas été retenu par l’AIU et la suspension provisoire est donc appliquée, en attendant la suite de la procédure.
De son côté, la Fédération française d’athlétisme a indiqué dans un communiqué “retirer l’athlète de la sélection” tout en ajoutant qu’il ne serait pas remplacé. Mercredi, lors de sa conférence de presse, Romain Barras, le directeur de la haute performance, a indiqué qu’il n’avait aucune information complémentaire à fournir sur le cas Frère et que “la Fédération se retrancherait derrière l’AIU en fonction des décisions prises”.
Auteur du meilleur temps français du marathon en 2023 avec son 2h05’41” réalisé à Valence, Frère est accusé de trois manquements à ses obligations de localisation en l’espace de 12 mois avec un premier impair le 23 février en marge du semi. – Marathon de Naples (26 février 2023) où il n’a pas changé de lieu assez vite, alors qu’il était inscrit au même moment au marathon de Paris.
Puis il est accusé du deuxième manquement « informations approximatives » avec un emplacement indiqué près de Font-Romeu, alors que le Français était en entraînement national près de Saint-Jean-de-Monts, avant de s’envoler pour les Championnats du monde sur route à Riga avec l’équipe de France (1er octobre 2023). “J’ai été contrôlé à chaque fois, que ce soit à Naples ou à Riga”nous a-t-il expliqué récemment.
Finalement le troisième échec s’est produit le 22 février 2024, l’athlète entrant une nouvelle fois une mauvaise adresse dans son logiciel ADAMS (pour se localiser), cette dernière étant en transit depuis le Kenya, alors qu’il se rendait aux Championnats Olympiques. Club d’Europe cross avec son club de Fontainebleau à Albufeira (Portugal).
«Je suis évidemment déçuFrère nous a livré. J’étais prêt à courir en Europe. J’accepte la décision et en prends note. Je n’aurais jamais imaginé qu’une chose pareille puisse m’arriver au cours de ma carrière. Je comprends la procédure et je l’accepte même si j’ai hâte de pouvoir présenter mes arguments devant une commission. »
L’athlète qui conteste les violations “en arrière-plan” et aussi la durée exacte de 12 mois entre le premier et le troisième manquement – « 365 jours et 30′ » selon lui, risque deux ans de suspension et surtout de manquer les JO pour lesquels il était actuellement en bonne position au marathon. “Je suis confiant de pouvoir participer aux JO”nous dit-il, tandis que la suite de la procédure lui permettra de réellement s’expliquer auprès de l’AIU.
De son côté, la FFA avait également décidé, avant cette suspension provisoire, d’attendre la divulgation de la liste complète de sa délégation pour les JO pour faire un choix sur Frère (fin juin). Si son cas est résolu avant fin juin, il fera partie de l’aventure, si ce n’est pas le cas, il ne participera pas aux JO. “Je comprends que ce sera très délicat”conclut l’athlète.