Alors que les sondages annoncent tous une poussée de l’extrême droite aux élections européennes du 9 juin, l’historien Nicolas Lebourg, spécialiste de ce mouvement, analyse les raisons de ce mouvement attendu. Cependant, face à « l’impossibilité pour l’extrême droite de s’organiser au Parlement européen », “L’Union européenne résiste”il juge.
L’extrême droite pourrait occuper jusqu’à 25 % de l’hémicycle de Strasbourg après le 9 juin. S’agit-il d’un mouvement général, que l’on retrouve partout en Europe ?
L’élection s’annonce excellente pour l’extrême droite. Mais, cette fois, ce phénomène ne peut être qualifié de « vague populiste » imputable à une « crise » à laquelle réagissent les électeurs. Cela ne peut pas non plus être attribué aux pays de l’Est ayant une tradition démocratique moins longue. En fait, les pays fondateurs de l’Europe – l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg – voient également l’extrême droite progresser fortement, et même un pays comme le Portugal, réfractaire à cette offre politique jusqu’à récemment, n’y échappe pas. .
Quel est alors le socle commun qui pousse les Allemands, les Français, les Néerlandais ou les Italiens à voter pour l’extrême droite ?
Il y a des modèles que nous trouvons. De toute évidence, de nombreux électeurs européens partagent le sentiment que le risque de dévalorisation personnelle et le risque de dévalorisation de sa nation sont une seule et même chose. La lassitude à l’égard de la démocratie libérale et de ses garde-fous juridiques alimente également une tentation dite « illibérale » que l’on retrouve dans d’autres démocraties dans le monde (États-Unis, Inde, Israël, etc.).
Ce est-à-dire ?
Ce qui lie souvent ces opinions publiques, c’est l’idée selon laquelle l’État libéral n’est plus assez fort pour protéger le groupe ethnique majoritaire dans la société. La revendication d’autorité s’exprime clairement contre les migrants, mais pas seulement : les polémiques contre les personnes LGBT ou le droit à l’avortement témoignent d’une vision globale de la nécessité de contrôler les corps à travers un ordre moral, social, démographique.
Qu’est-ce qui rapproche, au niveau européen, ces groupes d’extrême droite, aux histoires différentes ?
Tous ces partis se présentent comme des élites de remplacement face à ceux qui ont échoué. Il s’agit pour eux de régénérer la société en lui assurant une forme homogène et unitaire. Cette unité organique qu’ils recherchent n’est possible qu’en révisant les relations internationales qui, à leurs yeux, contribuent à la désintégration de la nation. Marine Le Pen a écrit : « mondialisme » et le « postmodernité » sont un phénomène unique. Et l’idée d’une Union européenne (UE) toujours plus étroite va toujours complètement à l’encontre de ces déterminants structurels de l’extrême droite.
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Alors que les sondages annoncent tous une poussée de l’extrême droite aux élections européennes du 9 juin, l’historien Nicolas Lebourg, spécialiste de ce mouvement, analyse les raisons de ce mouvement attendu. Cependant, face à « l’impossibilité pour l’extrême droite de s’organiser au Parlement européen », “L’Union européenne résiste”il juge.
L’extrême droite pourrait occuper jusqu’à 25 % de l’hémicycle de Strasbourg après le 9 juin. S’agit-il d’un mouvement général, que l’on retrouve partout en Europe ?
L’élection s’annonce excellente pour l’extrême droite. Mais, cette fois, ce phénomène ne peut être qualifié de « vague populiste » imputable à une « crise » à laquelle réagissent les électeurs. Cela ne peut pas non plus être attribué aux pays de l’Est ayant une tradition démocratique moins longue. En fait, les pays fondateurs de l’Europe – l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg – voient également l’extrême droite progresser fortement, et même un pays comme le Portugal, réfractaire à cette offre politique jusqu’à récemment, n’y échappe pas. .
Quel est alors le socle commun qui pousse les Allemands, les Français, les Néerlandais ou les Italiens à voter pour l’extrême droite ?
Il y a des modèles que nous trouvons. De toute évidence, de nombreux électeurs européens partagent le sentiment que le risque de dévalorisation personnelle et le risque de dévalorisation de sa nation sont une seule et même chose. La lassitude à l’égard de la démocratie libérale et de ses garde-fous juridiques alimente également une tentation dite « illibérale » que l’on retrouve dans d’autres démocraties dans le monde (États-Unis, Inde, Israël, etc.).
Ce est-à-dire ?
Ce qui lie souvent ces opinions publiques, c’est l’idée selon laquelle l’État libéral n’est plus assez fort pour protéger le groupe ethnique majoritaire dans la société. La revendication d’autorité s’exprime clairement contre les migrants, mais pas seulement : les polémiques contre les personnes LGBT ou le droit à l’avortement témoignent d’une vision globale de la nécessité de contrôler les corps à travers un ordre moral, social, démographique.
Qu’est-ce qui rapproche, au niveau européen, ces groupes d’extrême droite, aux histoires différentes ?
Tous ces partis se présentent comme des élites de remplacement face à ceux qui ont échoué. Il s’agit pour eux de régénérer la société en lui assurant une forme homogène et unitaire. Cette unité organique qu’ils recherchent n’est possible qu’en révisant les relations internationales qui, à leurs yeux, contribuent à la désintégration de la nation. Marine Le Pen a écrit : « mondialisme » et le « postmodernité » sont un phénomène unique. Et l’idée d’une Union européenne (UE) toujours plus étroite va toujours complètement à l’encontre de ces déterminants structurels de l’extrême droite.
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