Avec une récolte de 15 milliards d’euros d’investissements étrangers, 56 projets d’entreprises et 10 000 créations d’emplois prévus, l’édition 2024 du rendez-vous Choose France, le 13 mai, aura été exceptionnelle. Sans surprise, c’est l’intelligence artificielle qui a été au centre de la plupart des projets technologiques, avec l’annonce d’investissements massifs des Gafam, notamment Microsoft et Amazon. Parallèlement, en fond sonore, une autre petite musique commence à se faire entendre : celle du quantique, avec l’annonce des projets d’IBM et de la société finlandaise IQM, attirés par l’avance que la France a dans ce domaine.
De quoi parle-t-on ? L’informatique quantique exploite les mathématiques enrichies de la physique quantique pour effectuer des calculs exponentiellement plus complexes. Les simples bits 0 et 1 de l’informatique classique sont remplacés par une multitude d’états compris entre 0 et 1 des qubits de l’informatique quantique.
Les enjeux sont colossaux. Les plus grands supercalculateurs actuels peuvent effectuer un milliard de milliards d’opérations par seconde au prix de dizaines de mégawatts d’électricité et de centaines de millions d’euros. Mais pour simuler exactement une molécule simple comme la pénicilline, il faudrait déjà des milliards de milliards de milliards de ces superordinateurs. Cet exemple simple montre les limites des capacités actuelles de simulation et d’optimisation, mais aussi de l’intelligence artificielle en raison de la lourdeur, du coût et de l’empreinte carbone de leur infrastructure informatique. L’informatique quantique est la solution à ces limitations, en les poussant d’un coup presque à l’infini, à un coût et une empreinte carbone nettement inférieurs.
Objet de géopolitique et de pouvoir
Une autre illustration, même si elle est réductrice au regard de la variété des applications du quantique, est celle de la cryptographie : en combien de temps peut-on « casser les codes » ? Plusieurs siècles sont nécessaires avec un ordinateur classique alors que quelques minutes suffiront avec un ordinateur quantique. Cet exemple a aussi le mérite de montrer que le quantique n’est pas seulement un sujet technologique ou économique : il est déjà devenu un objet de géopolitique et de pouvoir.
Grâce à son réseau d’écoles d’excellence comme les Ecoles Normales Supérieures et l’Ecole Polytechnique, mais aussi d’instituts de recherche comme le CNRS, l’Inria et le CEA, la France est l’un des plus grands producteurs de physiciens quantiques. Depuis plus de vingt ans, parmi tous les prix Nobel de physique dans le domaine quantique, il y a au moins un Français. Citons Serge Haroche (2012) et Alain Aspect (2022), les pères attentionnés de nombreux jeunes physiciens lancés aujourd’hui dans la bataille quantique.
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