Quelles missions pour les pompiers, et avec quels financements ? Débute ce mardi, sous l’égide du ministère de l’Intérieur, une consultation sur tous les acteurs de la sécurité civile, autrement dit tous ceux qui œuvrent pour la protection des Français.
Une réflexion sur plusieurs mois
Ce « Beauvau de la sécurité civile » doit rassembler sur plusieurs mois tous les acteurs du secteur, y compris les financiers – départements et communes –, pour « réfléchir aux évolutions du financement » et « les métiers » de la sécurité civile, a expliqué sur X le ministre de la Sécurité civile. l’Intérieur, Gérald Darmanin.
La rencontre intervient près de 30 ans après la loi de départementalisation des services d’incendie et de secours (Sdis) et 20 ans après celle de modernisation de la sécurité civile, dans un contexte de tensions dans le système de santé et de multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
Premier défi : redéfinir les missions
Ainsi, « la première chose est de redéfinir le champ missionnaire » des pompiers estime Jean-Paul Bosland, président de la Fédération nationale des pompiers français (FNSPF). Car « nous subissons de plein fouet la désertification médicale », sans oublier « les conséquences du changement climatique » – incendies de forêts, inondations, etc. – soutient le lieutenant-colonel, qui alerte « depuis plusieurs mois sur le problème de fonctionnement opérationnel ». augmentation permanente.
“Il y a un recours abusif aux pompiers qui deviennent la cinquième roue du carrosse en matière sociale ou en matière d’interventions qui ne sont pas à caractère d’urgence”, convient Olivier Richefou, président de la conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS). .
Réformer également le financement
“Alors que de nombreux Sdis ont eu du mal à boucler leur budget”, André Accary, président de la commission Sdis des Départements de France, juge que cette réunion est l’occasion de “tout remettre sur la table”, à commencer par le système de financement. Aujourd’hui, les Sdis sont financés à 90 % par les départements et communes et à 10 % par l’État, notamment à travers la taxe sur les conventions d’assurance (TSCA), explique André Accary, président divers-droite du département de Saône-et-Loire. Ces dernières années, « des efforts financiers considérables ont dû être consentis sur tous les territoires pour adapter la réponse en termes d’équipements », constate-t-il.
Il faut vraiment proposer des mesures concrètes, réalistes et surtout finançables.
André Accary, président de la commission Sdis des Départements de France
L’élu espère que ce « Beauvau ne sera pas qu’un geste ». « Il faut vraiment pouvoir proposer des mesures concrètes, réalistes et surtout finançables, pour pérenniser véritablement le modèle français de sécurité civile. » Des départements de France, comme la FNSPF, plaident notamment pour une réforme du TSCA, « qui n’a jamais été révisé », souligne Jean-Paul Bosland. Il suggère aussi, « une piste parmi tant d’autres », la mise en place d’une taxe Airbnb. « Les plateformes de location prennent de l’ampleur. Avec davantage de nouveaux locataires, il existe un potentiel d’interventions supplémentaires pour nous », dit-il.
Les syndicats appellent à la mobilisation le 16 mai
De leur côté, les syndicats abordent la réunion avec combativité. Les neuf organisations syndicales représentant les pompiers professionnels ont lancé cette semaine un appel commun à la mobilisation, le 16 mai à Paris, pour former un « front commun » de concertation.
Une telle unité est inédite, souligne l’intersyndicale. Preuve pour Xavier Boy, président fédéral FA/SPP-PATS, première force syndicale du Sdis en France, d’en avoir assez de revendications restées longtemps sans réponse.
Révision et réévaluation du financement
Les organisations syndicales réclament également une refonte du financement du Sdis, ainsi qu’une augmentation de la prime de licenciement, actuellement à 25% du salaire, ou encore une révision des mesures de fin de carrière.
Le maintien de la sécurité civile telle que nous la connaissons aujourd’hui va droit dans le mur
Xavier Boy, président fédéral FA/SPP-PATS
« Maintenir la sécurité civile telle qu’on la connaît aujourd’hui, c’est aller droit dans le mur », insiste Xavier Boy. “Nous sommes confrontés à des problèmes fondamentaux qui durent depuis des années”, renchérit Anthony Chauveau, président du syndicat des pompiers SPASDIS-CFTC.