Alors que le gouvernement cherche dix milliards d’euros d’économies budgétaires pour contenir l’escalade du déficit public, un projet de loi transpartisane pourrait rapporter près de trois milliards par an à l’Etat à partir de l’année prochaine.
Selon les informations de Monde, un texte de loi signé par plus d’une trentaine de parlementaires d’horizons politiques divers – centristes, La France insoumise (LFI, socialistes, écologistes, communistes et Les Républicains) – devrait être déposé simultanément à l’Assemblée nationale et au Sénat, vendredi 26 avril. Il vise à mettre fin à la fraude dite « CumCum », « un sujet d’intérêt public capable de fédérer au-delà des logiques partisanes »déclarent la sénatrice de l’Orne Nathalie Goulet (Union centriste) et la députée mosellane Charlotte Leduc (LFI), à l’origine du texte.
Derrière ce nom latin se cache une tactique élaborée, permettant aux propriétaires d’actions de sociétés françaises non résidents en France d’échapper au prélèvement à la source sur les dividendes, grâce à l’aide des banques et des commerçants organisant des allers-retours. retours d’actions entre l’étranger et la France. L’objectif est de confier temporairement les actions détenues par ces non-résidents, jusqu’au versement du dividende, à des entités exonérées de cet impôt – des banques françaises, ou des sociétés établies dans des États où les dividendes français ne le sont pas. imposés, comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite, grâce à des conventions fiscales favorables.
La position du fisc fragilisée
Rejetant toute fraude, le lobby bancaire parle d’une activité légitime d’« arbitrage de dividendes », nécessaire aux opérations sur les marchés financiers, et sans finalité fiscale. Mais le processus pèse lourdement sur les finances publiques, comme le révèle l’enquête « CumEx Files », publiée par Le monde et dix-huit médias européens en 2018. « L’argument des banques ne tient plus dans le contexte budgétaire : il est dépasséestime Nathalie Goulet. On parle de pure fraude fiscale avec des gens qui se débarrassent de leurs actions au passage du train des impôts.. » De son côté, Charlotte Leduc appelle au respect du principe d’égalité devant les impôts : “Chacun doit payer selon ses moyens, c’est ce qui constitue le consentement à l’impôtsouligne l’élu. C’est de l’argent volé aux contribuables, nous sommes dans l’esprit du plan Attal contre la fraude fiscale. »
Avec leur proposition de loi, les parlementaires entendent doter l’administration fiscale d’une base juridique claire et solide, pour réprimer les arbitrages de dividendes utilisés à des fins de fraude fiscale. Leur initiative tombe à point nommé, car le fisc français, qui a identifié « CumCum » en 2017 et a déjà lancé une salve de redressements contre plusieurs grandes banques en France, a vu sa position juridique récemment fragilisée par une décision judiciaire.
Il vous reste 59,23% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.