L’épargne salariale peut jouer un rôle moteur dans le financement de la transition écologique, à condition que les douze millions de salariés qui en bénéficient s’en soucient. C’est la principale conclusion du rapport publié mercredi 24 avril par l’organisation non gouvernementale (ONG) Reclaim Finance.
Les fonds d’épargne salariale représentaient, fin 2023, près de 188 milliards d’euros, selon l’Association française de la gestion financière. Un montant record qui a augmenté de 6,7% par an en moyenne depuis 2008. Problème, selon Reclaim Finance : 84% des fonds proposés aux salariés pour placer leurs actifs investissent dans des entreprises qui développent du nouveau charbon, pétrole ou gaz.
L’ONG engagée pour la décarbonation des actifs financiers a analysé les données disponibles sur 474 de ces fonds, dont soixante-deux sont présentés comme « durables », et a envoyé un questionnaire à seize des principaux gestionnaires d’actifs du marché français. , dominé par deux acteurs, Amundi (contrôlé par le Crédit Agricole) et Natixis IM (filiale du groupe BPCE), avec une part de marché cumulée estimée à 65 %.
Une transparence difficile à obtenir
Conclusion : un dirigeant sur deux n’a pas de politique d’investissement excluant « effectivement » de nouveaux investissements dans le charbon, et deux seulement (Gay-Lussac Gestion et Mirova) promettent de ne plus investir davantage dans le charbon. les sociétés développant de nouveaux gisements ou infrastructures pétrolières et gazières (oléoducs, gazoducs et terminaux de gaz naturel liquéfié).
À ces chiffres s’ajoute le constat qu’il est difficile pour les salariés de savoir précisément où va leur épargne salariale. Et la transparence est d’autant plus difficile à obtenir que neuf fonds d’épargne salariale sur dix sont des « fonds de fonds », qui n’investissent pas directement dans des obligations d’État ou dans le capital d’entreprises mais dans d’autres fonds.
Pour en savoir plus sur l’utilisation de son épargne, Marie (prénom a été modifié à sa demande), salariée d’une entreprise du secteur de l’énergie, a commencé par consulter la documentation publique sur les fonds d’épargne salariale choisis par son employeur… pour conclure que les informations disponibles ne répondaient pas à ses questions.
« La documentation n’est vraiment pas adaptée aux débutants : c’est un jargon très professionnel, fait pour le monde de la finance », elle explique. Avec ses collègues, elle a donc tenté de« obtenir plus de transparence et d’éducation » en interrogeant son employeur. « Mais on s’est progressivement rendu compte que ces interlocuteurs n’étaient pas forcément ceux qui décident des choix d’investissement. »
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