DDélinquance, drogue, prison, mort violente. Attablé dans un restaurant parisien, Benjamin Whitmer, beau visage, yeux bleus orageux, décline les destins qui auraient pu être les siens. On n’oserait pas écrire un tel cliché s’il n’y avait la vérité de cet homme : la littérature l’a sauvé. Il est né en 1972 dans le sud de l’Ohio. Son père, employé dans une usine d’armes nucléaires, est mort à 36 ans d’une maladie professionnelle.
Le drame fige sa mère dans une colère sans nom. Elle prend son fils par la main et s’en va dans les bois, où vit une communauté survivaliste. Pas d’électricité, pas d’eau courante.
« J’aimais cette vie de hors-la-loi. Enfant, je me promenais dans la forêt avec ma carabine 22. On cultivait des légumes, de la marijuana. On tuait notre bétail. » Ben ne va pas à l’école. Sa mère travaille sur des chantiers. « C’était une femme dure. Un modèle de masculinité toxique ! » rigole l’écrivain. Elle lui apprend à lire. Un bibliobus passe souvent par là, il le dévalise.
Souvenirs épiques
À 9 ans, il commence l’école. La petite famille s’installe à Yellow Springs, dans l’Ohio. Une ville de 3 000 âmes. Ben, adolescent, déraille. « Je traînais avec des groupes de punk rock, buvais de la bière, prenais beaucoup de LSD… »
Il a abandonné ses études avant le bac. Il garde de cette période des souvenirs épiques, comme la fois où, après une bagarre, fuyant la police, dévasté comme un terrain d’entraînement, il s’est retrouvé aux mains (…) Lire la suite