TTIC Tac. Mercredi, Joe Biden a signé une loi qui donne à TikTok 270 jours pour rompre tous liens financiers avec la Chine au nom de la sécurité nationale. En clair, le texte veut contraindre le groupe chinois ByteDance à vendre son joyau et son algorithme de recommandation d’ici neuf mois – et jusqu’à 12 en cas de prolongation. Sinon, TikTok sera interdit aux États-Unis. Alors que ByteDance a promis de se battre devant les tribunaux, le bras de fer pourrait se terminer devant la Cour suprême. Ce qui est sûr, c’est que la question ne sera pas résolue avant l’élection présidentielle américaine, organisée dans un peu plus de 6 mois.
Le texte semblait bloqué au Sénat. Mais les républicains de la Chambre, qui l’avaient déjà approuvé, ont joint ce projet de loi à celui sur l’aide à l’Ukraine, à Israël et à Taiwan que Joe Biden pressait le Congrès d’adopter. Comme il l’avait promis, le président américain, dont la campagne est présente sur TikTok avec un compte officiel, l’a immédiatement signé.
« Une loi inconstitutionnelle », selon TikTok
ByteDance, la maison mère de l’application vidéo, a dénoncé une « loi inconstitutionnelle » qu’elle a promis d’attaquer en justice pour défendre ses 170 millions d’utilisateurs américains.
En 2020, Donald Trump a tenté d’interdire TikTok, mais ses décrets ont été annulés par les juges. Aujourd’hui, le candidat républicain est revenu sur sa position, estimant qu’une interdiction profiterait à Facebook et Instagram, qu’il a déclarés « ennemis du peuple » pour leur parti pris, selon lui, anti-conservateur.
Liberté d’expression contre sécurité nationale
Le FBI et les élus américains accusent régulièrement TikTok d’être au mieux un instrument de propagande du « soft power » de Pékin, au pire un cheval de Troie permettant à la Chine d’espionner les Américains. Mais il y a quatre ans, les preuves secrètes présentées par l’administration Trump n’ont pas réussi à convaincre deux juges fédéraux.
LIRE AUSSI Pourquoi on est encore très loin d’une interdiction de TikTok aux Etats-UnisCette fois, la bataille juridique pourrait aller jusqu’à la Cour suprême. Anupam Chander, professeur de droit des nouvelles technologies à l’Université de Georgetown, a expliqué cela à Indiquer le mois dernier : si elle se saisit de l’affaire, « la Cour devrait déterminer si les craintes pour la sécurité nationale justifient la violation des droits à la libre expression de millions d’Américains. »