Alors que le Soudan traverse l’une des pires crises humanitaires au monde selon les Nations Unies, la société civile se mobilise pour enquêter sur ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts.
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 2 minutes
Il y a un an aujourd’hui, au Soudan, Abdel Fattah Al-Buran et Mohamed Hamdan Daglo, les deux généraux qui ont dirigé ce pays d’Afrique de l’Est, engageaient toutes les forces dans une lutte pour le pouvoir qui a plongé toute la nation dans le chaos. Depuis, toutes les tentatives de médiation ont échoué. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, principalement des civils, et plus de huit millions de déplacés, provoquant l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations Unies.
Un vrai “nettoyage ethnique” a lieu, selon les experts, dans la région du Darfour, au sud-ouest du pays, que les victimes qualifient même de “génocide”. L’accès à la zone est impossible aux journalistes et aux enquêteurs mais les survivants de la société civile soudanaise tentent, au péril de leur vie, de recueillir des preuves dans les camps de réfugiés au Tchad.
Au Soudan, Abdelmoneïm Juzur travaillait comme avocat. Depuis son arrivée au Tchad, il arpente sans relâche les camps de réfugiés pour recueillir preuves et témoignages.
“Dans l’entreprise où je travaillais, nous étions trois. Mes deux associés ont été assassinés. Si je continue le travail aujourd’hui, c’est aussi dans leur mémoire, pour qu’ils ne soient pas morts en vain.”
ancien avocat soudanais Abdelmoneïm Juzursur franceinfo
Armé de son carnet, il note chaque détail de l’histoire de cet homme : “Il y avait tellement de cadavres partout dans les rues, alors je me suis porté volontaire pour les enterrer. Nous allions remplir les fosses communes. J’ai enterré jusqu’à 150 personnes en une nuit.” L’ONU a déjà confirmé l’existence d’au moins 13 de ces charniers. À l’abri des regards par une simple bâche, un autre homme révèle plusieurs blessures par balle.
De retour dans l’abri de fortune où se réunit le collectif d’avocats du Darfour occidental, sans ordinateur ni électricité, les données sont copiées à la main sur des centaines de feuilles de papier. Ils dénombrent 18 000 morts et 7 000 disparus rien que dans la région, témoigne l’avocat Ahmad Khamis.
« Nous devons préserver ces données pour les mettre à la disposition de la justice internationale. »
avocat Ahmad Khamissur franceinfo
« Si toutes les informations sont déjà prêtes, les procédures seront plus rapides. Mais il faut faire le travail en amont avant que les gens n’oublient ou que les preuves ne disparaissent », explique-t-il. Ce travail n’est pas sans risque. Les noms d’avocats circulent sur les listes de personnes à éliminer, comme en témoigne un rapport des Nations Unies. Abdelmoneïm Juzur le sait bien : “S’ils me tuentconclut-il froidement, d’autres avocats continueront le travail.
Alors que le Soudan traverse l’une des pires crises humanitaires au monde selon les Nations Unies, la société civile se mobilise pour enquêter sur ce conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts.
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Il y a un an aujourd’hui, au Soudan, Abdel Fattah Al-Buran et Mohamed Hamdan Daglo, les deux généraux qui ont dirigé ce pays d’Afrique de l’Est, engageaient toutes les forces dans une lutte pour le pouvoir qui a plongé toute la nation dans le chaos. Depuis, toutes les tentatives de médiation ont échoué. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, principalement des civils, et plus de huit millions de déplacés, provoquant l’une des pires crises humanitaires au monde, selon les Nations Unies.
Un vrai “nettoyage ethnique” a lieu, selon les experts, dans la région du Darfour, au sud-ouest du pays, que les victimes qualifient même de “génocide”. L’accès à la zone est impossible aux journalistes et aux enquêteurs mais les survivants de la société civile soudanaise tentent, au péril de leur vie, de recueillir des preuves dans les camps de réfugiés au Tchad.
Au Soudan, Abdelmoneïm Juzur travaillait comme avocat. Depuis son arrivée au Tchad, il arpente sans relâche les camps de réfugiés pour recueillir preuves et témoignages.
“Dans l’entreprise où je travaillais, nous étions trois. Mes deux associés ont été assassinés. Si je continue le travail aujourd’hui, c’est aussi dans leur mémoire, pour qu’ils ne soient pas morts en vain.”
ancien avocat soudanais Abdelmoneïm Juzursur franceinfo
Armé de son carnet, il note chaque détail de l’histoire de cet homme : “Il y avait tellement de cadavres partout dans les rues, alors je me suis porté volontaire pour les enterrer. Nous allions remplir les fosses communes. J’ai enterré jusqu’à 150 personnes en une nuit.” L’ONU a déjà confirmé l’existence d’au moins 13 de ces charniers. À l’abri des regards par une simple bâche, un autre homme révèle plusieurs blessures par balle.
De retour dans l’abri de fortune où se réunit le collectif d’avocats du Darfour occidental, sans ordinateur ni électricité, les données sont copiées à la main sur des centaines de feuilles de papier. Ils dénombrent 18 000 morts et 7 000 disparus rien que dans la région, témoigne l’avocat Ahmad Khamis.
« Nous devons préserver ces données pour les mettre à la disposition de la justice internationale. »
avocat Ahmad Khamissur franceinfo
« Si toutes les informations sont déjà prêtes, les procédures seront plus rapides. Mais il faut faire le travail en amont avant que les gens n’oublient ou que les preuves ne disparaissent », explique-t-il. Ce travail n’est pas sans risque. Les noms d’avocats circulent sur les listes de personnes à éliminer, comme en témoigne un rapport des Nations Unies. Abdelmoneïm Juzur le sait bien : “S’ils me tuentconclut-il froidement, d’autres avocats continueront le travail.