Par Julie Bossart
Publié le
25 avril 24 à 6h46
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A l’approche des JO de Paris 2024, une épreuve gagne en intensité, celle de la chasse aux escroqueries et à fausses nouvelles. Après que des particuliers et/ou des entreprises se faisant passer pour des mandataires habilités à encaisser frauduleusement des paiements en contrepartie de prestations labellisées Paris 2024, un prétendue recommandation du ministère de la Santé circule sur les réseaux sociaux, alertait l’AFP la semaine dernière.
Une vidéo avec le logo TF1
Elle prend la forme d’une vidéo portant le logo de la chaîne TF1, explique l’agence. En légende, on peut lire : « Les (JO) ont procédé à leurs propres aménagements sur les dates d’accouchement des Françaises. Non aux 38 semaines imposées par la nature ! Elles doivent accoucher avant le début des Jeux. »
Un texte défilant au cours de la séquence revient sur les raisons de cette situation, poursuit l’agence : “Le ministère de la Santé a émis une recommandation pour les Parisiennes qui envisagent d’accoucher fin juillet 2024. Selon la recommandation, les femmes dont l’accouchement est dû la date est entre le 22 et le 28 juillet devrait accoucher avant le 26 juillet», qui n’est autre que la date de la cérémonie d’ouverture des Jeux.
« Remboursements des frais médicaux » pour les bénévoles
On peut également lire que, “si l’accouchement a lieu jusqu’au 25 juillet inclus, les femmes seront remboursées par l’Etat à hauteur de 50% des frais médicaux”. Sont également cités des propos qui auraient été tenus par le ministre du Travail, de la Santé et de la Solidarité. Par exemple, “Catherine Vautrin, ministre de la Santé, note que cela n’affectera ni la santé de la femme qui accouche, ni celle du bébé.”
Enfin, la vidéo évoque la possibilité que les femmes enceintes ayant accepté d’accoucher « ailleurs en France afin de désengorger les services hospitaliers parisiens » reçoivent « une indemnisation de 25 % du montant dépensé en prestations médicales ».
Après enquête de son département Vérification des faits, l’AFP dévoile le pot aux roses. Tout d’abord, le ministère nie totalement tout ce qui est dit dans la séquence, tout en condamnant « ce type de vidéo manipulatrice« . TF1, de son côté, dénonce une « usurpation » de son identité visuelle.
Campagnes de déstabilisation régulières
L’AFP poursuit en rappelant que l’accouchement dans des hôpitaux ou cliniques agréés est entièrement pris en charge en France, mais aussi que les extraits d’interview de Catherine Vautrin ne sont pas tirés d’une intervention de la ministre sur TF1, mais sur France Info. De plus, son intervention s’est concentrée sur la réforme de l’assurance chômage ou encore sur le remboursement des soins médicaux, mais certainement pas sur les JO.
Pour couronner le tout, l’AFP indique avoir constaté que « plusieurs instances de la fausse vidéo de TF1 ont été partagées par des pages spécialisées dans le partage de contenus pro-russes ». La vidéo trompeuse se retrouve également sur une chaîne Telegram connue pour relayer de nombreux contenus reprenant le discours du Kremlin.
Ce type de vidéos usurpant l’identité d’un média francophone reconnu n’est pas nouveau : depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, des sites pirates reproduisent l’identité graphique de nombreux médias européens (The Guardian, Bild, 20 Minutes , Le Monde…) pour partager des articles au discours pro-russe et anti-occidental, dans le cadre d’une opération d’influence surnommée « Doppelganger ».
Depuis le début de la guerre en Ukraine, il n’est plus rare que des médias occidentaux et français voient leur identité usurpée au service de la propagande russe. Ce fut le cas au moins deux fois l’an dernier pour 20 minutes.
Début février 2024, Viginum, l’organisation française de lutte contre les ingérences numériques étrangères, a révélé l’activité de « Portal Kombat », un vaste réseau composé de « portails d’information » numériques diffusant des contenus couvrant positivement l’invasion russe en Ukraine et dénigrant l’invasion russe de l’Ukraine. autorités de Kiev, afin d’influencer l’opinion publique, notamment française.
Quant aux JO, ils ont été en novembre 2023 la cible d’une nouvelle campagne de déstabilisation. Une vidéo établissant un parallèle entre les Jeux de Munich et ceux de Paris circulait sur les réseaux sociaux, évoquant ainsi une menace d’attentat.