Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères était l’invité de « 8h30 franceinfo » lundi 15 avril 2024.
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« Si la France veut être utile » après l’attaque de l’Iran contre Israël, « il doit être à sa place, et à sa place il est d’abord dans l’objectif de stabilité et de paix », estime Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, ancien Premier ministre était l’invité du 8h30 de franceinfo. Il a répondu aux questions d’Agathe Lambret et de Jean-René Baudot. Selon lui, “La France n’a pas besoin d’être impliquée” dans le conflit au Moyen-Orient. “Notre rôle, si nous devons faire de la médiation, exercer une influence, c’est de peser, c’est de modérer”, il continue.
Emmanuel Macron a confirmé lundi que la France avait procédé “interceptions” à la demande de la Jordanie lors de l’attaque iranienne contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche. « Qu’au service des Jordaniens, nous ayons assuré une protection et que finalement c’est Israël qui, dans cette affaire, en ait bénéficié, est une chose. Que la France, dans sa rhétorique diplomatique, dise que nous sommes intervenus, que nous sommes parties prenantes, cela entraînerait un désavantage particulièrement grave”, explique Dominique de Villepin qui souligne l’importance de « Ambiguïté diplomatique ». L’ancien ministre des Affaires étrangères estime que le risque est d’introduire la France « dans ce cycle et dans ce risque d’engrenage action-réaction ».
« Un nouveau type de conflit »
Même si un seuil “a été atteint dans les objectifs fixés par l’Iran” avec cette frappe sur le sol israélien, il note que, “dans l’esprit des Iraniens”, “Il y avait sans doute une volonté de désamorcer cette escalade, c’est-à-dire à la fois de frapper en principe, mais en même temps d’éviter tout dommage important.” Selon lui, « L’Iran a été obligé de riposter » après la frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas, en Syrie, le 1er avril. Cette nouvelle mesure prise par l’Iran “peut nous introduire dans un nouveau type de conflit”, mais Dominique de Villepin recommande d’éviter «cette logique d’embrasement».
Désormais, “C’est Israël qui a entre ses mains l’évaluation de cette escalade et donc la décision d’y répondre”, analyse l’ancien Premier ministre. Selon lui, « Il y a deux préoccupations pour Israël, deux cibles particulières » : « Le premier est le programme nucléaire iranien », « le deuxième est le Hezbollah qui représente une menace pour le territoire israélien ». Dominique de Villepin n’exclut pas une riposte israélienne contre ces deux cibles et rappelle que « Dans sa grande solitude, Israël veut d’abord s’appuyer sur ses propres forces » d’affirmer un « logique d’action et d’indépendance ».
Un sentiment de solitude
« Face à la tragédie qu’a vécu Israël le 7 octobre, ce sentiment de solitude existe et il est d’autant plus aigu que c’est un gouvernement faible qui est aujourd’hui à la tête » du pays, analyse Dominique de Villepin. “C’est un gouvernement qui est fragile, du fait de cet équilibre entre les ultranationalistes et les autres, donc c’est un gouvernement qui, s’il veut durer, doit sans cesse chercher de nouvelles cibles et doit être constamment dans l’action au service de l’Etat. La sécurité d’Israël'”, il continue. D’où ceci « tentation, peut-être, de fuir en avant ».
En effet, l’ancien Premier ministre note « une envie d’aller jusqu’au bout » d’Israël, en particulier en « sa stratégie sur Rafah » au sud de la bande de Gaza. « Rien n’est pire que d’associer l’ensemble du peuple palestinien au Hamas »affirme-t-il, rappelant son attachement à la création d’un Etat palestinien. « Ces politiques de surenchère militaire » conduire dans notre “un monde de guerres mondialisées, où tous les fronts sont susceptibles de s’unir” à risque « de fédérer les forces contre nous et notamment d’obtenir une polarisation du monde entre régimes autoritaires et régimes démocratiques »il explique.