Il y avait foule au Club Avantage Multi-Sports de Québec lundi matin. Pour la quatrième fois en deux ans, l’Académie Aliassime, qui y tient ses activités, organise un tournoi de tennis junior qui regroupe plusieurs joueurs aspirant à faire partie de l’élite de demain.
On trouve un peu de tout sur les cinq terrains du club sportif populaire, où les matchs se jouent simultanément. Des joueurs de l’académie du père de Félix Auger-Aliassime, venus acquérir de l’expérience. D’autres parmi les Canadiens les mieux classés dans leur catégorie d’âge, dont de talentueux Québécois. Des athlètes venus de Chine, du Portugal et d’Ukraine également, attirés par la qualité de l’organisation.
Et il y a Mirindra Razafinarivo, qui vit depuis trois mois avec Sam Aliassime, avec plusieurs autres adolescents, pour qui il prépare les repas matin, midi et soir.
A 15 ans, la jeune raquette fait partie des membres du Team Aliassime, ce projet monté par M. Aliassime l’année dernièreet qui vise à changer la vie des jeunes Africains grâce au tennis.
Photo Jessica Lapinski
L’objectif de Sam Aliassime semble déjà en partie atteint pour Mirindra, qui a d’abord quitté, à l’automne dernier, son Madagascar natal pour la Côte d’Ivoire, où se déroulait un camp de détection de talents.
« Ce que je reçois comme commentaires des parents, c’est que c’est très positif », affirme le père de famille et ancien entraîneur du 14.e joueur mondial. Ils pensaient qu’ils venaient juste pour apprendre à jouer au tennis, mais c’est bien plus que cela. Cela concerne l’éducation, apprendre à bien vivre, découvrir le Québec. Nous voulons tout mélanger. »
Une rareté pour elle
Mirindra Razafinarivo s’est vu attribuer un laissez-passer pour le tableau principal de ce tournoi de type « J100 », afin qu’elle acquière elle aussi de l’expérience sur le terrain.
Elle a perdu dès le premier tour lundi. Le résultat n’est pas surprenant : en Afrique, disait Sam Aliassime en décembre dernier, les jeunes ne sont pas forcément habitués à se mesurer aux talents venus un peu partout sur la planète. C’était cette opportunité qu’il voulait aussi leur offrir.
Mais même si ce résultat n’était pas inattendu, Mirindra était visiblement déçue. Dans une interview, peu après son match, elle jouait machinalement avec son téléphone portable sans le regarder, tout en parlant à voix basse.
C’est sans doute parce que le tennis, qu’elle a commencé à pratiquer sérieusement sur le tard, à l’âge de 10 ans, pour suivre les traces de son grand frère, lui tient à cœur.
De quoi quitter son île ensoleillée, où ce sport n’est pas particulièrement populaire, pour s’installer pendant six mois à quelque 26 heures d’avion de chez elle.
« Le niveau du tennis ici est bien au-dessus de ce que j’aurais pu penser », dit-elle. C’est un peu difficile de s’orienter dans la ville, mais j’aime ça. »
« J’ai eu vraiment de la chance »
La défaite a été difficile à avaler, mais l’expérience lui a visiblement plu. Si l’on pouvait croire qu’à 15 ans, Mirindra Razafinarivo manquerait à ses proches, elle affirme plutôt s’être acclimatée à la distance.
« D’autant qu’il y a plusieurs jeunes ici, ensemble, donc on se sent moins seuls », explique-t-elle.
Et cette expérience est aussi une opportunité inestimable, dit-elle.
« Il y a de moins en moins de joueurs de tennis à Madagascar, souligne Mirindra. J’ai eu vraiment de la chance de trouver la sélection pour aller ici. Parce qu’il n’y a aucune réelle chance de croissance pour moi. »
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