à Bagnères-de-Bigorre, Sandra Forgues veut incarner l’inclusion des sportifs transgenres

Sandra Forgues garde un mauvais souvenir de sa participation à l’étape parisienne du relais de la flamme olympique des Jeux d’été de Pékin en 2008. Bousculée sur le parcours par les services de sécurité, elle n’avait guère envie de renouveler l’expérience. Mais lorsque Nicolas Lopez, chef du service des sports et de la jeunesse du conseil départemental des Hautes-Pyrénées, l’a contactée pour lui proposer de relayer la flamme samedi 19 mai à Bagnères-de-Bigorre, il a su trouver les mots. ” Elle n’a pas tardé à convaincre », rapporte celui qui fut champion olympique d’escrime en 2008, et qui sera également relayeur au Pic du Midi.

Pour l’occasion, il a soigné son discours, en s’appuyant sur deux arguments principaux. D’une part, il avançait que ce relais se ferait en duo avec Frank Adisson avec qui elle avait remporté l’or olympique en canoë biplace en 1996 à Atlanta (États-Unis) : assise à l’arrière d’un canoë, elle pagayer et à l’avant du bateau son ex-coéquipière et amie brandira le flambeau.

Nicolas Lopez a également insisté sur le fait que ce relais se déroulerait sur le bassin naturel formé par l’Adour, au stade Marcel Cazenave, où les deux athlètes, alors en catégorie cadets au club de canoë-kayak de l’Amicale laïque de Bagnères-de -Bigorre, avaient entraîné leur équipage pour ensuite remporter trois championnats du monde (1986, 1991, 1997).

Médaille d’or à Atlanta, 1996

« J’ai très vite compris que le comité d’organisation des Jeux Olympiques respectait les athlètes et promouvait la diversité dans le sport.» dit, rassurée, Sandra Forgues, née à Tarbes en 1969. La flamme est un honneur, c’est aussi un espoir. Et je veux transmettre l’esprit d’inclusion et d’humanité. »

Inclusion justement, un mot porteur de sens pour cette sportive de 54 ans. Car, en 1996, c’est avec le prénom Wilfrid que Sandra remporte le titre de championne olympique de canoë biplace à Atlanta.

«Pendant mes vingt premières années, je pensais que j’étais la seule personne au monde à ressentir le besoin d’être une femme. A 30 ans, j’ai pris conscience de mon identité trans, mais j’ai essayé de m’en débarrasser car j’avais une vie d’homme parfaiteraconte l’ingénieur informaticien. Mais, la transidentité est plus forte que tout, elle est ancrée en soi et n’est en aucun cas une mode. »

En 2016, à 46 ans, le sportif de haut niveau, marié et père de deux enfants, décide de rompre “sa prison dorée” de réaliser sa transition en suivant un traitement hormonal et un parcours chirurgical pendant trois ans. “J’ai déconstruit la personne que j’étais pour être en accord avec moi-même”explique-t-elle, avec sincérité, pesant chacun de ses mots, son regard bleu ciel fixé dans les yeux de son interlocuteur.

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