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AFP

Géorgie : les jeunes dans la rue contre une loi critiquée, pour ne pas « devenir la Russie »

Un millier de manifestants, des jeunes pour la plupart, se sont rassemblés lundi devant le parlement géorgien contre une loi sur « l’influence étrangère » accusée de détourner Tbilissi de sa voie européenne et de l’entraîner vers Moscou. Le texte est vivement critiqué par les Etats-Unis et l’Union européenne à laquelle la Géorgie, ancienne république soviétique, est candidate à l’adhésion. Cela a déclenché des rassemblements massifs d’opposition, dont certains ont été réprimés. Malgré ces protestations, un élu du parti au pouvoir « Rêve géorgien », Nikoloz Samkharadzé, a déclaré à l’AFP que les autorités comptaient toujours faire adopter ce texte en troisième lecture au Parlement mardi ou mercredi. Les manifestants, qui manifestent depuis début avril, ont surnommé ce texte la « loi russe », car il imite la législation utilisée par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes. Lundi, les manifestants, principalement des jeunes, ont exprimé leur colère contre le projet, estimant qu’il ruine les rêves européens de leur pays et met en danger la démocratie. « Cette loi signifie que nous ne rejoindrons pas l’Europe », s’est inquiétée Mariam Kalandadzé, 22 ans. « Nous prévoyons de rester ici aussi longtemps qu’il le faudra », a-t-elle déclaré à l’AFP, alors que les étudiants de la capitale Tbilissi se mettaient en grève lundi. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche, certaines y restant toute la nuit.  » Si cette loi passe, nous deviendrons progressivement la Russie », a déclaré Artchil Svanidzé, un autre manifestant de 26 ans, y voyant le contraire de l’avenir qu’il espère pour son pays. Depuis le début, les moins de 30 ans sont le fer de lance de la le mouvement. Mais beaucoup assurent que leurs aînés sont également convaincus. « Nous avons toujours su que nous faisions partie de l’Europe. Toutes les générations le savent », a déclaré Artchil Svanidzé, fier de dire que son père est resté une bonne partie de la manifestation. de la nuit. Salomé Lobjanidzé, 18 ans, se dit « dévastée » par la loi. « S’il est voté, beaucoup de ceux qui sont ici aujourd’hui quitteront » le pays, a-t-elle prédit. L’Union européenne, qui a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel en décembre 2023, a salué « l’engagement impressionnant » des Géorgiens en faveur de l’intégration européenne et a exhorté Tbilissi à enquêter sur les actes de violence signalés contre des manifestants. « Nous condamnons fermement les actes d’intimidation, les menaces et les agressions physiques », a déclaré lundi Peter Stano, porte-parole du service diplomatique de l’UE. « Transparence » ou répression – Si elle est adoptée, la loi exigera que toute ONG ou organisation médiatique reçoive davantage plus de 20% de son financement provenant de l’étranger pour s’enregistrer comme « organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère ». Le gouvernement assure que cette mesure vise à obliger les organismes à faire preuve de plus de « transparence » sur leur financement. L’élu Nikoloz Samkharadzé, du parti « Rêve géorgien », a affirmé que le projet n’avait « rien à voir » avec la loi russe critiquée, réaffirmant également son attachement à l’adhésion à l’UE. La loi a déjà été approuvée en deux lectures et nécessite un troisième vote. La présidente Salomé Zourabichvili, pro-européenne en conflit ouvert avec le gouvernement, devrait y opposer son veto, mais le « rêve géorgien » prétend disposer de suffisamment de voix pour l’ignorer. Le parti au pouvoir avait déjà tenté de faire adopter cette loi en 2023, avant d’y renoncer en raison de rassemblements massifs de l’opposition. Son retour aux députés début avril a créé la surprise et provoqué des manifestations. Bidzina Ivanishvili, un riche homme d’affaires perçu comme le leader fantôme de la Géorgie, considère les ONG comme un ennemi intérieur au service des puissances étrangères. Cet homme, Premier ministre de 2012 à 2013 et aujourd’hui président d’honneur du « Rêve géorgien », est soupçonné d’affinités avec la Russie, pays où il a fait fortune.oc/led/bur/sk