LLe personnage du troisième homme est toujours intéressant en campagne électorale. Il peut monter très haut dans les sondages puis s’effondrer (Jean-Pierre Chevènement lors de la campagne présidentielle de 2002), démarrer bas et créer la surprise le soir des élections (Yannick Jadot lors de la campagne des élections européennes de 2019), finir par abandonner ou au contraire persévérer dans l’espoir de remporter un jour les fastes présidentiels (François Bayrou).
La variété des scénarios qui se construisent autour du nom de Raphaël Glucksmann a l’avantage d’entretenir le suspense, de donner corps aux hypothèses et de donner vie à une ou plusieurs histoires parallèles. Ainsi en est-il du cofondateur de Place publique, soutenu par le Parti socialiste (PS), devenu le troisième homme de la campagne pour les élections européennes. Personne ne sait quel score il atteindra dimanche 9 juin ni quelle place il occupera parmi les vingt concurrents une fois que les Français entreront réellement en campagne, mais à moins de deux mois du scrutin il est évident qu’il se passe quelque chose à gauche.
Longtemps caricaturé en « bobo germanopratin », le fils d’André Glucksmann, devenu député européen en 2019, recueille 13 % d’intentions de vote dans le sondage Ipsos.Le Parisien-France Inter publiait dimanche 14 avril. Hormis Jordan Bardella (Rassemblement national, RN), qui est en tête (32%), Raphaël Glucksmann est, à ce jour, l’un des rares candidats à avoir le vent en poupe. Cette dynamique lui permet à la fois de réduire l’écart avec la candidate Renaissance, Valérie Hayer (16%), et de creuser l’écart avec la liste La France insoumise (LFI), menée par Manon Aubry (7%).
Le pari de desserrer l’étau entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon paraissait totalement improbable il y a à peine un an. Il gagne aujourd’hui en crédibilité car le pouvoir d’attraction des deux hommes s’est considérablement érodé : la droite du président de la République, qui ne se dément pas depuis le vote du projet de loi sur l’immigration en décembre 2023, encourage le retour au pays des un certain nombre d’électeurs qui ont cédé aux sirènes macronistes.
Parallèlement, l’incohérence de Jean-Luc Mélenchon lors de l’affaire Quatennens fin 2022 (le député LFI accusé de violences conjugales a été condamné), ses dérives lors de la réforme des retraites, son refus de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, son ode à la paix alors que l’Ukraine vit sous la menace d’une invasion russe ont mis à mal le magistère qu’il exerçait à gauche. Depuis l’éclatement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, le leader « insoumis » est devenu, aux yeux d’une grande partie de ses partenaires, « l’homme à tuer », à tel point que les Européens ont pris des allures de d’un avant-match présidentiel.
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