à Jérusalem, le deuil impossible des familles d’otages israéliens dont les corps sont retenus à Gaza

Les familles des otages israéliens se sont mobilisées jeudi pour exiger que l’Etat hébreu leur rende leurs corps, sans lesquels ils ne peuvent pas faire leur deuil.

Les familles des otages israéliens réclament la restitution des corps de leurs proches. Parmi les 128 otages enlevés le 7 octobre et toujours détenus à Gaza, 36 ne sont plus en vie. Mais leurs corps sont toujours détenus dans l’enclave assiégée. Pour les familles touchées, à la détresse et à la tristesse s’ajoute le deuil impossible sans tombe à pleurer.

Jeudi soir, une procession a eu lieu jusqu’à la Knesset à Jérusalem pour exiger que l’Etat rapatrie les corps de leurs morts.

Un cercueil en bois vide, recouvert du drapeau israélien, commence son cortège, porté par les familles des otages tués. Ils savent qu’ils n’embrasseront plus jamais leur frère, leur fils, leur mère, mais pouvoir leur rendre hommage sur une tombe est tout ce qui leur reste et tout ce qu’ils demandent.

Roni est la sœur de Tamir, 38 ans, assassiné le 7 octobre alors qu’il défendait le kibboutz Nir Oz. Son corps a été transporté dans la bande de Gaza. “Ce processus de deuil est bloqué. Nous n’avons ni corps ni tombe. Pour mes parents, c’est très difficile : la chose la plus difficile au monde est de perdre un enfant. Nous avons besoin d’un accord, je veux récupérer mon frère.”

“Je pense à elle tous les jours”

Rana pleure sa nièce, Inbar, kidnappée lors du festival Supernova. La jeune femme est morte en captivité
“Le 7 octobre, ma nièce a fui pendant plus de deux heures et personne ne l’a défendue, elle était toute seule. Ce jour-là, l’État a violé le contrat qu’il a avec ses citoyens et aujourd’hui nous sommes abandonnés une seconde fois car à chaque fois il y a un accord, un échange qui a lieu, nous sommes en bas de la liste, nous sommes mis derniers. »

“L’État n’est pas assez intelligent pour comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de corps. Il s’agit de nos proches, des personnes que nous aimons le plus et c’est ce que nous devons comprendre”.

Rana, tante d’Inbar

sur franceinfo

“Je n’arrête pas de penser à ce qu’elle a vécu, continue RanaJe pense à elle tous les jours, dans les petites choses, quand je prends le bus, je la revois, quand je mange quelque chose je me dis : comment puis-je manger pendant qu’elle est sous terre ? Et c’est une tristesse terrible car nous avons peur que cela dure des années. » Elle pense aux soldats Hadar Goldin et Oron Shaul tués lors de l’opération Bordure Protectrice en 2014 et dont les corps se trouvent toujours à Gaza.

“Nous n’abandonnerons pas”

Ce sentiment d’abandon, Ruby Chen, le père du sergent Itay Chen, le partage également. “La semaine prochaine, c’est le Memorial Day : Je voudrais demander au Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont le frère Yoni est également mort en héros pour l’État d’Israël, de se rappeler que son frère a eu des funérailles et qu’après il y a eu les sept jours de deuil auxquels il a pu assister, puis le mois, et qu’il a pu se rendre sur la tombe de son frère. J’aimerais qu’il s’en souvienne lors de la cérémonie des sirènes, lundi matin. Pour le moment, nous n’avons nulle part où aller pour ce jour du Souvenir, donc je serais heureux si le Premier ministre me disait où il pense que je devrais aller lundi matin. »

“Mais nous vous attendons, nous n’abandonnerons pas, disent ces famillespour vous ramener au pays d’Israël pour le repos éternel.