« À Kaboul, j’ai vu la peur »

QQui se soucie du sort des femmes afghanes ? « Étonnamment, les féministes qui, à juste titre, se mobilisent en France et en Europe dès qu’une personnalité publique se comporte mal sont très silencieuses face aux talibans », s’inquiète le Dr Éric Cheysson. Ce grand aventurier humanitaire, qui a fait partie de la première génération des « French Doctors », revient tout juste d’Afghanistan, qu’il connaît depuis très longtemps et où il se rend quatre fois par an. Chirurgien cardiaque, il préside l’ONG La Chaîne de l’espoir, qui a installé depuis 2006 un hôpital cardiaque à Kaboul. Éric Cheysson a vu l’emprise des talibans se resserrer autour de la population, et notamment des femmes, contre lesquelles les interdits se multiplient, dans un pays qui devient de plus en plus une forteresse, et dont la communauté internationale ferme les yeux.

Il faut lire son témoignage choc. Les talibans sont en train de « reproduire un scénario similaire à celui qui était en place entre 1996 et 2001, lorsqu’ils étaient au pouvoir, et qui a été interrompu par le 11 septembre », alerte Éric Cheysson. « Il est clair qu’ils cherchent à faire taire la voix des femmes au sens propre (elles ne peuvent plus chanter ou réciter un texte du Coran en public) comme au sens figuré, ce qu’on pourrait qualifier de féminicide social », alerte le médecin, dressant un terrible état des lieux de la loi dite « de promotion de la vertu et de prévention du vice », qui – sur 114 pages ! – restreint de plus en plus (…) Lire la suite