Des montagnes de crânes humains géants et l’abattage d’un cochon miniature, un nouveau-né XXL à plat et un autre minuscule suspendu, des dogues agressifs et un petit homme nu : la liste des oeuvres à découvrir dans la nouvelle exposition de Ron Mueck à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris a quelque chose d’une formule ésotérique. L’ensemble, dont la moitié est récente, offre en tout cas un contrepoint aux scènes et corps ultra-réalistes présentés dans les deux premières expositions de l’artiste dans les locaux, en 2005, puis en 2013, avec un détachement notable de l’exactitude. chair et un intérêt accru pour l’énergie de groupe.
Ron Mueck, 65 ans, est un artiste secret et silencieux, qui a quitté Londres pour la petite île de Wight il y a quelques années, expose rarement et produit peu. Le décompte est surprenant : l’artiste n’a créé que quarante-huit œuvres au cours de sa carrière, débutée il y a plus de vingt-cinq ans lors d’une collaboration avec sa belle-mère, Paula Rego, à raison de deux sculptures par an. « Plus qu’une fidélité, c’est un compagnonnage entre lui et nous, une relation de confiance sur le long terme »souligne Hervé Chandès, directeur de la Fondation Cartier et commissaire de l’exposition.
On aperçoit l’artiste, très concentré, quand on se rend au montage de l’exposition, dix jours avant son ouverture, le 8 juin. Ron Mueck ne souhaite pas accorder d’interview ni parler de son travail, mais nous salue en pleine les crânes monumentaux qui s’accumulent dans la grande salle entièrement vitrée de la Fondation. L’artiste observe à quel point l’immersion de son installation dans l’écrin de verre et de verdure – celui des jardins et des arbres qui entourent le bâtiment – lui confère une atmosphère particulière, entre ombres et rayons de lumière.
compensation funéraire
Ces cent crânes d’environ un mètre cube chacun, il les avait conçus dans le cadre de la Triennale de Melbourne en 2017, à l’occasion d’une carte blanche à la National Gallery of Victoria. Ils formaient des tas dispersés dans une aile consacrée à la peinture européenne du XVIIIe siècle.edont plusieurs natures mortes et memento mori. Le musée, qui l’avait alors acquis, prête pour la première fois l’œuvre – la plus grande qu’il ait jamais produite. Elle se pose ici dans un autre contexte : la proximité des Catacombes de Paris, au bout de la rue.
Sorte de clairière funéraire au milieu de la nature environnante, l’installation a la particularité d’être entièrement modulable dans l’espace. L’agencement des crânes, dont le transport a nécessité douze conteneurs pour un trajet de deux mois entre Melbourne et Le Havre, est orchestré par une équipe de six monteurs à partir d’un modèle central, réplique de l’espace où les crânes ont la taille d’un œuf. , et sont également stockés dans des boîtes à œufs.
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