POLITIQUE – La vie politique est pleine d’étrangetés. Ce lundi 9 septembre, la commission des Finances de l’Assemblée nationale doit se réunir à 17h30. Jusqu’ici, rien d’inhabituel, un budget doit être présenté dans les prochaines semaines. Mais là où les choses sont plus surprenantes, c’est qu’autour de la table, on retrouvera les deux ministres démissionnaires Bruno Le Maire et Thomas Cazenave. Détail important : ce dernier est également député de la Gironde, et membre de la fameuse commission chargée de l’auditionner.
Gouvernement de Michel Barnier : avec LR, Renaissance, « les gens de gauche », à quoi cela pourrait-il ressembler ?
L’arrivée de Michel Barnier à Matignon le 5 septembre a peut-être chassé Gabriel Attal, qui prend les rênes du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée, mais les anciens ministres restent en poste pour gérer les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un nouveau gouvernement. La situation est-elle tenable ? La députée Constance Le Grip le concède dans le monde qu’il existe « Il y a toujours un risque que le grand désordre s’abatte sur la vie politique. » Efficacement.
« Cette semaine, j’avais prévu d’interviewer les nouveaux ministres. Je pensais que 52 jours après la démission du gouvernement, nous en aurions un nouveau. Ce n’est pas le cas »“Nous sommes en train de revoir notre budget, mais nous ne sommes pas prêts à le faire”, a regretté le président de la commission des finances de LFI, Éric Coquerel, le 9 septembre sur France Info. L’objectif de la réunion d’aujourd’hui sera donc d’esquisser le budget pour l’année 2025… Mais aussi de demander des comptes aux ministres démissionnaires. Des documents révélés le 2 septembre ont montré que pour la deuxième année consécutive, le déficit public français pourrait augmenter considérablement.
« Une politique d’austérité voulue par Macron »
Un mauvais signal, puisque, comme six autres pays, la France a été pointée du doigt au début de l’été par la Commission européenne pour déficit budgétaire excessif, faisant craindre des sanctions pouvant s’élever à plusieurs milliards d’euros. Le gouvernement démissionnaire, soucieux de ne pas être montré du doigt pour sa mauvaise gestion, a alors imaginé des mesures d’économies drastiques pour tenter de rester dans le droit chemin.
Ce qui amène Éric Coquerel à dire que le budget en préparation « poursuit la même politique d’approvisionnement, de compétitivité et d’austérité voulue par Macron ». Mais le député Insoumis ne perd pas espoir de modifier ce budget de manière majeure, en le rendant « Compatible NFP »Il promet un travail intense des députés de gauche de la commission des Finances pour changer le cadre du gouvernement. Reste à savoir comment, et surtout quand, la copie sera livrée.
Car il reste une inconnue sur ce sujet : le budget sera-t-il déposé comme prévu le 1er octobre ? Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a ouvert la voie ce dimanche 8 septembre à un report. Je demande qu’un véritable projet de loi de finances, complet et détaillé, soit déposé.. Et si nous devons prendre quelques jours de plus, c’est possible.”il a justifié en Le Parisienpromettant que le prochain budget serait probablement « le plus délicat de la Ve République »Mais au Sénat, nombreux sont ceux qui s’en tiennent à la date du 1er octobre et excluent tout report.
Sous le feu nourri de l’opposition qui leur reproche la dégradation des comptes publics, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave devront donc répondre aux questions des députés, qui porteront autant sur le fond des orientations budgétaires que sur la forme (possiblement inédite) de leur mise en œuvre, à partir de 17h30. Une séance qui s’annonce animée.
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