PPluies torrentielles et meurtrières, accélération exponentielle du rythme de réchauffement des eaux mondiales et vagues de chaleur marines, surexploitation massive des poissons par la pêche industrielle, effondrement de plus de 90 % de la biomasse des grands animaux marins, acidification, désoxygénation, effondrement des courants marins… Tous les voyants scientifiques sont au rouge pour l’océan et la biodiversité. Un chiffre rend sensible le processus de désertification des océans : alors que la masse totale des humains sur Terre représente environ 0,4 gigatonne, nous sommes responsables de la disparition d’environ 2,7 gigatonnes de vie dans les océans. Vertigineux.
En août, deux études scientifiques ont confirmé l’ampleur de la catastrophe en cours. La première alerte sur le caractère trop optimiste des évaluations des stocks de poissons : ils sont dans un état bien pire qu’on ne le pensait. La seconde concerne les aires marines protégées (AMP) : seules 0,2 % des eaux européennes sont effectivement protégées, alors que les climatologues insistent sur la nécessité d’écosystèmes sains pour absorber le choc du réchauffement climatique et des excès de CO2 produit par l’humanité.
C’est dans ce contexte de crise des océans que le Conseil d’État est appelé à se prononcer, ce vendredi 20 septembre, lors d’une audience cruciale sur l’avenir de l’océan. La question posée par l’association Bloom au plus haut tribunal administratif est simple : la France sera-t-elle enfin obligée de protéger les aires marines protégées ? Actuellement, le décret gouvernemental définissant le plus haut standard de protection revient à protéger une poignée de chalutiers industriels en faillite chronique et sous respirateur artificiel grâce aux aides publiques, plutôt que les écosystèmes marins, les puits de carbone océaniques et l’avenir des citoyens.
Interdire la pêche industrielle dans 30 % des océans
L’océan est à la fois un poumon et un thermostat planétaire : il capte 25 à 30 % du CO2 L’océan a déjà absorbé plus de 90 % de notre excès de chaleur, mais il est menacé par les activités humaines destructrices. La pêche industrielle inflige d’immenses dégâts aux océans : chaque année, elle affecte une surface quatre fois plus grande que celle utilisée par l’agriculture mondiale, alors qu’elle ne représente qu’un pourcentage infime de notre apport en protéines et de notre PIB.
Chalutage de fond, senne démersale, dispositifs de concentration de poissons : ces termes techniques masquent l’annihilation de l’océan et de ses animaux dans des proportions inimaginables. Mais il n’y a pas de fatalité : nous disposons d’une arme puissante pour protéger l’océan et mettre un terme à cette course vers l’abîme : les aires marines protégées.
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