À Madagascar, le port de Tamatave se projette comme une plaque tournante de l’océan Indien

De notre correspondant à Antananarivo,

Un soleil de plomb se reflète sur les casques blancs des ouvriers du chantier. Ils sont près d’un millier, mobilisés pour changer le visage du port de Tamatavesur la côte est de Madagascar. Un port stratégique aux infrastructures vétustes, rénové pour la première fois depuis 1927.

L’ancien brise-lames a été renforcé. S’étendant sur 345 mètres de longueur et élevée à 12 mètres de hauteur, elle est entourée de part et d’autre de près de 3 000 blocs de béton armé – dolos dans le jargon –, censés protéger les futures infrastructures. ” Ce sont ces structures qui vont absorber la puissance des vagues, explique Felana Rakotozafy, ingénieur maritime sur place. L’eau traverse ce brise-lames, comme on le voit lors de la périodes cycloniques. Et cela peut nuire au quai, mais surtout aux navires qui entreront à quai. Tout mon travail consiste à faire en sorte qu’une fois les travaux terminés, cette plateforme ne bouge pas de plus d’un centimètre. »

Répondre à l’augmentation du trafic maritime

Juste en face se trouve le futur quai C4, encore en construction. Sa protection est d’autant plus cruciale qu’elle constitue la pièce maîtresse du site. Avec une profondeur portée à 16 mètres, contre 11 actuellement, il devrait permettre au port de Tamatave d’accueillir de plus gros navires et de devenir une plaque tournante de l’océan Indien, capable d’assumer un rôle de redistribution des marchandises dans la région. ” Jusqu’à présent nous ne pouvions pas accueillir de bateaux de type Panamax (près de 300 mètres de long, NDLR). A l’issue de ces travaux, nous pourrons les réceptionner directement sans qu’ils ne s’arrêtent à la Réunion ou à Maurice et n’aient à décharger sur des petits bateaux pour entrer dans le port de Madagascar. »

Achèvement prévu pour 2026, mais retards accumulés

Un peu plus loin, sur le récif, la nouvelle plateforme de 10 hectares dédiée à accueillir davantage de conteneurs. Objectif : quintupler la capacité du port, de 250 000 EVP à ce jour (équivalent vingt pieds, soit le nombre de conteneurs de 20 pieds ou 6 mètres, NDLR) à 1 million d’EVP en 2035. Dans l’état actuel, le port étouffe en raison du manque d’espace de stockage suffisant. ” C’est vraiment une urgence, il faut le réparer, car le trafic augmente de jour en jour, observe Liliane Melquiond-Zafinirina, chef du service communication de la SPAT, la société gestionnaire du port. Le transport maritime évolue. Et nous sommes une île, donc les besoins intérieurs du pays nécessitent également cette expansion. »

Il ne reste qu’une inconnue, admet-on sans enthousiasme sur le chantier : la date d’achèvement des travaux. Outre le retard accumulé lors du Covid-19, le chantier est régulièrement stoppé par les intempéries qui touchent la commune de Tamatave. Selon le calendrier établi, le nouveau port devrait voir le jour en février 2026.