à Madrid, un derby Atlético-Real sous la menace de cris racistes depuis les tribunes

Verra-t-on dimanche, sur les coups de 21 heures, au stade Metropolitano de Madrid, lors du derby Atlético-Real, des spectateurs masqués dans les tribunes afin, ainsi “protégés”, de pouvoir insulter, sans craindre d’être identifiés, certains des joueurs présents sur le terrain ? Et surtout Vinicius Junior, une des stars du Real ?

En fin de semaine, plusieurs journaux espagnols, dont le quotidien Sporta raconté comment un appel en ce sens, relayé par le mot-clé #MetropolitanoConMascarilla (« MetropolitanoConMascarilla ») sur le réseau social X, a été lancé, à la veille de la huitième journée de championnat, par les supporters de l’Atlético de Madrid.

Cette initiative n’est pas anodine. Cela intervient alors qu’un supporter de Majorque a été condamné le 26 septembre à douze mois de prison et à une interdiction de stade de trois ans. En février 2023, il lance des insultes racistes contre Vinicius Junior, mais aussi contre l’ex-joueur de Villarreal Samuel Chukwueze.

” La peine de prison avec sursis était conditionnée à la participation du prévenu, qui s’est excusé et a exprimé ses remords dans une lettre adressée à Vinicius Junior, à un programme d’égalité de traitement et de non-discrimination. », a écrit le club madrilène dans un communiqué. Il a ajouté qu’un mineur, qui avait insulté l’international français Aurélien Tchouaméni lors du match Majorque-Real Madrid le 13 avril, avait également été banni du stade pour un an et soumis à des sanctions financières. “Il s’est excusé et s’est repenti de son comportement, et a accepté de réaliser les activités socio-éducatives proposées par le procureur de la République près le tribunal pour enfants”, a soulevé le club.

Trois condamnations pénales

La décision de justice rendue officielle le 26 septembre porte à trois le nombre de condamnations pénales prononcées ces derniers mois pour des insultes racistes contre des joueurs du Real Madrid, selon le club. Seuls les incidents dans lesquels les accusés étaient clairement identifiés ont donné lieu à des sanctions. “C’est le résultat du travail que nous avons accompli ces dernières années pour éradiquer la haine de notre football et nous continuerons de le faire. Il n’y aura pas de cris ou de chants racistes dans un stade sans condamnation pénale. »s’est félicité, surJavier Tebas, le président de la Liga, l’instance qui supervise les clubs espagnols et le championnat.

Le 10 juin, trois supporters de Valence ont été condamnés à huit mois de prison pour avoir proféré des insultes racistes visant Vinicius Junior en mai 2023, dans le stade de leur club – lui-même puni d’une amende de 45 000 euros. Au moment de ces incidents, lors de la saison 2022-2023, neuf plaintes avaient été déposées auprès de la justice pour des faits similaires visant l’attaquant brésilien, et deux avaient abouti à des sanctions (retrait de l’abonnement pour un supporter, amende pour un autre).

Le président brésilien Lula a protesté contre la persistance des préjugés racistes » dans tant de stades “. Vinicius Junior avait reçu le soutien de plusieurs poids lourds du sport, dont celui de son compatriote Ronaldo, Kylian Mbappé et de son entraîneur italien. Carlo Ancelotti. ” Le racisme est normal en Liga, avait entre temps dénoncé le joueur de 24 ans sur son compte Instagram. La compétition considère cela comme normal, la Fédération aussi et les rivaux l’encouragent. Je le regrette. »

Quitter le terrain

Le président de la Liga, sur la défensive, a d’abord tenté de réduire le phénomène à des cas individuels et ponctuels. Mais il a été contredit par la liste impressionnante des joueurs concernés, publiée par la presse espagnole.

Une campagne d’affichage « Racistes, fuera del futbol » (« Des racistes, en dehors du football ») a ensuite été élaborée avec la fédération espagnole de football (RFEF), plus soucieuse de résoudre le problème.

Ces campagnes de sensibilisation n’ont pas empêché d’autres incidents. Au point que, le 28 août, Vinicius Junior, lors d’un entretien à la chaîne de télévision américaine CNN, a encouragé ses homologues à quitter le terrain en cas de cris racistes, indiquant que la discussion à ce sujet était ouverte dans son propre club.

Dans le championnat espagnol, l’arbitre a la possibilité de suspendre ou non un match. En réalité, cette règle est très rarement appliquée : à Valence, le 21 mai 2023, l’arbitre a interrompu le match quelques minutes avant de le reprendre et d’exclure… Vinicius Junior, pour une altercation avec un autre joueur.

” Si les choses ne changent pas avant 2030, le lieu de la Coupe du monde devrait être modifié “, a également proposé le joueur du Real Madrid. Cette suggestion a suscité des réactions hostiles en Espagne qui, avec le Portugal et le Maroc, doit organiser la Coupe du monde dans six ans.

Paco Roig, ancien président du club de Valence (1994-1997), a même tenu des propos racistes dans une interview accordée le 22 septembre à Relevo.com, un webzine sportif – « J’appelle le Real Madrid « de vrais immigrés » » –, accusant Vinicius de fabuler.

Après l’appel au port du masque dimanche soir par les supporters de l’Atlético, la Liga a fini par réagir samedi. Rappelant que ce « campagne constitue un délit d’incitation à la haine, clairement défini dans le code pénal”, l’organisation a annoncé qu’elle voulait « exiger l’arrestation immédiate des instigateurs d’une campagne de haine visant à promouvoir des actes racistes et vexatoires ».