Des habitants sceptiques quant à l’efficacité de la lutte contre l’insécurité, des groupes citoyens déçus des promesses faites après le mouvement du barrage en début d’année qui a mis à genoux la fragile économie mahoraise, des élus attendant des mesures toujours plus ambitieuses pour le territoire : Mayotte s’inquiète, à quelques jours du lancement par le gouvernement d’une nouvelle opération « Wuambushu » contre la délinquance, l’habitat illégal et l’immigration irrégulière.
Le balancement des bus scolaires a repris en 101e Département français, avec 17 étudiants blessés depuis le 19 mars, à l’image des affrontements entre bandes « intervillageoises ». Et ce, malgré le « 60 chefs de gangs » arrêté par la police en 2023 lors de Wuambushu, selon le ministère de l’Intérieur, soit, depuis fin février, « opérations de choc sécuritaire » Et « 77 gardes à vue en moins de trois semaines » présentée pour ses débuts par le nouveau préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville.
Le 11 avril, le syndicat des cadres du FSU s’est alarmé de l’attaque du directeur du lycée de Dembeni par trois hommes armés d’une scie à élaguer. « Aucune amélioration des conditions de vie de nos confrères et de la population mahoraise n’a été enregistrée à ce jour »» a déploré le syndicat.
Dans ce contexte, la perspective lointaine d’une sortie de crise de l’eau alimente la lassitude, avec des châteaux d’eau en vigueur jusqu’en 2025 pour préserver la ressource, comme l’a confirmé le ministre délégué chargé des ressources en eau. -Mercredi, Marie Guévenoux, début avril, lors de sa visite. L’État a distribué 14 millions de litres d’eau et dépensé 100 millions d’euros dans la crise en 2023, mais de lourds investissements restent nécessaires à moyen terme.
Quant au démantèlement du camp de migrants africains au stade Cavani, il n’a pas dissipé le climat d’exaspération mêlé de racisme qui pousse une partie des barrages routiers à vouloir reprendre le blocus de l’île. “Pour l’instant nous ne sommes pas dans cette logique, mais la population reste mobilisée”, déclare Yasmina Aouny, porte-parole du principal mouvement, Forces vives.
« Nous sommes vraiment inquiets, continue-t-elle. Autour de nous, pas une seule personne n’est épargnée par la violence. Et on a l’impression que l’anarchie gagne du terrain. Nous attendons des opérations à long terme, plus que spectaculaires. Wuambushu 1 était une opération de communication. »
Le sénateur de la majorité (Rassemblement des Démocrates, Progressistes et Indépendants) Saïd Omar Oili déplore qu’aucun bilan partagé n’ait été tiré de Wuambushu, dans le sens de « ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné ». «Toute politique publique doit être évaluée»souligne-t-il.
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