À Opava, en République tchèque, les gens regardent la rivière monter

Le ciel est désormais d’un bleu immaculé, mais dans la ville tchèque d’Opava, on ne parle que de la tempête Boris et des pluies torrentielles qui tombent depuis vendredi. Et depuis les ponts du centre-ville, les gens regardent le niveau de la rivière monter.

Dans cette ville de près de 50.000 habitants, située à 240 km à l’est de Prague, les rues sont inondées depuis que Boris a laissé un sillage dévastateur en Europe centrale. La pluie n’a cessé que dimanche matin.

Certains ont bravé les inondations à pied, à vélo, et un automobiliste a même tenté de conduire sa Volkswagen, avant de faire demi-tour. D’autres, vivant aux étages supérieurs, regardent les rues depuis leurs fenêtres. Poubelles et conteneurs flottent, entre les arrêts de bus et les panneaux de signalisation.

Sur les ponts du centre-ville, les badauds se sont rassemblés pour observer la montée progressive de la rivière Opava jusqu’au niveau des berges. Selon les prévisions météorologiques, elle devrait atteindre son point le plus haut dimanche en fin de journée.

Des fourgons de police et des camions de pompiers ont bloqué les routes menant au quartier de Katerinky, et des milliers de ses habitants ont reçu l’ordre de quitter la zone samedi alors que les eaux de crue menaçaient.

Devant un bâtiment préfabriqué, Marie Lasak Blokesova, responsable des achats, évalue la situation en se remémorant les inondations dévastatrices qui ont frappé la région en 1997.

À l’époque, les inondations avaient tué 50 personnes et causé des dégâts d’une valeur de trois milliards de dollars, notamment dans la partie orientale de la République tchèque.

Cette fois-ci, « comme nous l’attendions tous, j’espère que tout le monde sera aussi bien préparé que nous, et comme nous avons déjà vécu les inondations de 1997, maintenant nous attendons simplement », a-t-elle déclaré.

« Aujourd’hui, avec Facebook et Instagram, on peut savoir ce qui se passe autour de soi et ainsi se calmer un peu. »

– “Si nous n’arrêtons pas la vague” –

Depuis vendredi, plus de 10.000 personnes ont été évacuées en République tchèque. Plus de 250.000 foyers étaient privés d’électricité dimanche et quatre personnes étaient portées disparues.

L’eau monte rapidement. Marie Lasak Blokesova parle d’un parking où les voitures semblaient en sécurité à 9h30 et qui était sous l’eau une heure plus tard.

A 20 kilomètres en amont, la ville de Krnov était inondée à 80% à 12h30 GMT, selon son adjoint au maire Miroslav Binar.

Mme Lasak Blokesova a donc tout planifié : « Nous avons fait le plein d’eau potable et préparé un réchaud à gaz de camping, au cas où le gaz et l’électricité seraient coupés, et nous avons également rechargé tous nos appareils électriques. »

A Velke Hostice, un village situé à environ cinq kilomètres d’Opava, des volontaires sont mobilisés pour renforcer une digue improvisée avec des sacs de sable sur une jetée de 500 mètres construite après les inondations de 1997.

La fatigue se lit sur le visage de Jaroslav Lexa, un chasseur local. Il raconte à l’AFP que les hommes ont travaillé jusqu’à 1h du matin et ont repris le travail à 7h dimanche pour boucher les trous dans l’impressionnante structure.

« Je regarde cela avec horreur », dit-il. « Si nous n’arrêtons pas la vague, elle va inonder la partie basse du village. »

frj/cls/mm