RAPPORT – La nomination de Michel Barnier à la tête du gouvernement a été un nouveau motif de descente dans la rue pour les militants qui regrettent de ne pas avoir un Premier ministre choisi par le NFP.
« Macron, sors, on va faire le ménage ! » Place de la Bastille, au cœur de Paris, l’heure est à nouveau aux manifestations. Ce samedi 7 septembre, les syndicats Union syndicale lycéenne et Union étudiante ont appelé à des rassemblements dans une dizaine de villes contre la “coup de force” d’Emmanuel Macron. Une initiative suivie par La France insoumise, mais aussi la CGT, les Jeunes écologistes, le Parti communiste français et le Nouveau parti anticapitaliste. Selon les Insoumis, 130 manifestations ont eu lieu dans toute la France dans la journée. A Paris, le coup d’envoi a été donné à 14h30, rue du Faubourg Saint-Antoine.
Dans cette rue étroite, des drapeaux et des pancartes trônent. «Macron, trahison, démission», “LE Le NFP au pouvoir sinon Macron au placard”, « Où est mon vote ? »… Sous un chapiteau, une table est dressée pour permettre aux manifestants de signer une pétition réclamant la destitution d’Emmanuel Macron. Nombre d’entre eux n’hésitent pas à faire la queue pour signer.
Un peu plus loin, les étudiants s’apprêtent à rejoindre la tête du cortège. « Il est important de descendre dans la rue au plus vite pour faire entendre la colère des Français », explique Robinson, chargé de mission pour la lutte contre la précarité au sein de l’Union des étudiants, syndicat né d’une scission avec l’UNEF l’an dernier. « Le pays est très inquiet, comme on l’a vu avec les élections législatives. Nous ne voulons pas passer un autre semestre sous Macron. Nous sommes contre ce coup d’État qui a permis Michel Barnier pour arriver à la tête du gouvernement. Nous n’abandonnerons pas.”l’étudiant poursuit. L’UNEF et la FAGE n’ont pas appelé à manifester.
Mélenchon applaudi par les militants
A 14h30 précises, le cortège s’élance, dans le calme. Au premier rang, Manès Nadel, président de l’Union syndicale lycéenne, et Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante, sont entourés de Louis Boyard, Mathilde Panot, Manon Aubry et Rima Hassan. Avant d’être rejoints par le ténor de LFI : Jean-Luc Mélenchon. Acclamé par la foule, le leader des Insoumis prend la parole devant les militants. « Emmanuel Macron aurait pu nommer Lucie Castets Premier Ministre Il ne l’a pas fait… Parce que nous avions prévu de mettre en œuvre notre programme !“Il a déclaré. Avant de fustiger une nouvelle fois le choix de Michel Barnier comme Premier ministre. « Vous avez l’habitude de tricher ! Pas nous ! » il a attaqué, avant de confirmer que « Quoi qu’il arrive, nous voterons pour censurer un tel gouvernement. »
Le fondateur de LFI, souvent critiqué pour son refus de passer la main, s’est également félicité de l’organisation de ce rassemblement. « Cette manifestation, quelle belle idée qu’elle soit initiée par des jeunes ! (…) Que la France s’identifie à sa jeune génération ! »
C’est donc tout naturellement que des jeunes ont pris la parole dès le début de la manifestation. A commencer par Manès Nadel, 17 ans. « Emmanuel Macron mène depuis deux mois un coup d’Etat contre le PFN », dénonce le lycéen. « Nous avons décidé d’appeler à la mobilisation car c’est à la jeunesse d’être en première ligne de la contestation contre ce coup d’Etat. » Il s’est déchaîné « un abus de pouvoir » et appelé à « montrons unis, fiers, pour dire non au coup d’État d’Emmanuel Macron ». Un discours partagé par Éléonore Schmitt. “Macron refuse de se soumettre au résultat des urnes. La jeunesse s’est exprimée très clairement contre le RN. Mais le Président efface d’un revers de la main notre volonté. Cette mobilisation du 7 septembre ne doit pas être la dernière.”
«Macron n’aurait pas pu choisir un pire ministre»
A chaque fois que quelqu’un prend la parole, le public rugit d’approbation. Pourtant, dans les rangs, on ne sent ni excès ni colère, comme ce fut le cas lors des précédents meetings contre la réforme des retraites, par exemple. Pour Isabelle et Emmanuelle, toutes deux quinquagénaires, cette manifestation était un rendez-vous à ne pas manquer. « On ne peut pas ne pas participer. Ce qui se passe est un affront aux résultats des élections législatives. On les déteste tous, Macron et compagnie ! »partage Emmanuelle, enseignante. Sur son sac à main, Isabelle arbore un autocollant «Macron, sors». Celui qui travaille dans le secteur social estime qu’Emmanuel Macron « Je n’aurais pas pu choisir un pire Premier ministre »Habituée aux démonstrations, se dit-elle “surpris par le monde”. « La rue est bondée ! »confie cet habitant de Clamart.
Selon Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, 160 000 personnes se sont rassemblées ce samedi après-midi à Paris, et 300 000 dans tout le pays. La préfecture de police a quant à elle dénombré 26 000 participants et 5 interpellations. Pour les participants interrogés, l’acte de manifester semble essentiel, sans qu’une indignation totale ne soit vraiment perceptible. Un signe que la “coup de force” dénoncé ne dépasse pas le cadre institutionnel français. Erwan est venu avec ses amies Sophie et Élise. “C’est dommage si on ne vient pas manifester. On est allé voter pour rien, on a l’impression qu’on n’est pas écoutés. C’est énervant, et rien ne change.”avoue le jeune photographe de 25 ans.
Peu habitué aux manifestations, Mathias fait aujourd’hui une exception. « J’accompagne ma fille de 17 ans. C’est elle qui éveille ma conscience politique. Elle s’intéresse beaucoup à la politique au lycée, avec sa spécialité HGGSP (histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques, ndlr). Cela suscite des débats entre nous à la maison. »“C’est une occasion de rencontrer d’autres citoyens qui ont le même avis que lui”, explique le Parisien de 54 ans. « Le président n’écoute pas les Français. Il joue avec la démocratie »Reste à savoir si cette manifestation deviendra un événement régulier, comme le souhaitent les deux syndicats étudiants et lycéens à l’origine du mouvement.