A quoi joue François Hollande ?

L’ancien président de la République n’avait pas publiquement soutenu la candidature de Bernard Cazeneuve lorsque son nom circulait pour Matignon. Ce qu’il avait fait pour celle de Lucie Castets.

L’attitude de François Hollande lors des négociations qui ont conduit à la nomination du Premier ministre a déçu certains élus socialistes début septembre. Ceux qui s’opposent à la ligne du Premier secrétaire Olivier Faure et qui espéraient la nomination à Matignon de Bernard Cazeneuve. Au moment où Emmanuel Macron hésitait, son prédécesseur n’avait pas un mot pour son dernier Premier ministre. François Hollande et Bernard Cazeneuve, ce sont des années de complicité au sommet du pouvoir, le second a été en quelque sorte le couteau suisse du quinquennat du premier : aux Affaires européennes, au Budget, à l’Intérieur et enfin à Matignon, Bernard Cazeneuve a servi fidèlement le président Hollande. Et au moment décisif, ce dernier ne lui a pas rendu la pareille.

Quelques semaines plus tôt, François Hollande avait publiquement soutenu la candidature de Lucie Castets, mais il ne l’a pas fait pour Bernard Cazeneuve. Il aurait certes plaidé sa cause auprès d’Emmanuel Macron lors de leur entretien privé à l’Élysée, mais il s’est bien gardé de le répéter dans les médias.

Son soutien était évident. Il était même “évident” a déclaré François Hollande. Après la nomination de Michel Barnier, il a joué l’innocent : “Est-ce que j’avais besoin de dire que Bernard Cazeneuve, mon ami, avait mon soutien ? Eh bien oui, ça fait du bien de le dire… Surtout dans un contexte aussi incertain puisque rappelons qu’une très faible majorité du bureau national du PS, 38 voix contre 33, a refusé de soutenir Bernard Cazeneuve. La parole de François Hollande aurait sans doute eu du poids et délié d’autres langues. Après coup, l’ancien chef de l’État a même affirmé qu’il « Il était inimaginable que le groupe du Parti socialiste participe à la censure de Bernard Cazeneuve. » Mais il n’a rien fait pour écarter cette menace.

François Hollande rêve toujours de se présenter à la prochaine élection présidentielle, comme il vient de le répéter dans l’émission Quotidien. Il ne veut donc pas contrarier les Insoumis. C’est pourquoi il s’est fait réélire député de Corrèze sous la bannière du Nouveau Front populaire. Il a même avalé sans rechigner le programme du NFP qui ressemble à un réquisitoire contre son quinquennat : retraite à 60 ans, refus du pacte budgétaire européen, représentation proportionnelle et bien d’autres mesures, le député Hollande prône désormais tout ce que le président Hollande a refusé de faire. Une question demeure : laquelle peut-on croire ?